Pas de départ aux aurores ce matin car l’étape est censée être courte. Aujourd’hui, nous prévoyons d’avancer jusque Vizzavona seulement. Enfin, c’est ce qu’on imagine ce matin…
L’étape commence par une montée, qui doit nous mener sur les crêtes. Le ciel bleu est revenu et la météo est annoncée bonne pour la journée.
Nous sommes sur la crête. Il va falloir la suivre un petit moment, jusqu’à arriver sous le sommet de la Punta Muratellu. Mais avant, il va falloir monter encore un peu.
Le ciel, lui, commence à changer. Il se voile, s’obscurcit. Et là, j’entends le tonnerre. Je me retourne : les montagnes du nord de l’île sont sous les orages et ça a l’air de se diriger vers nous…
Nous sommes au beau milieu des crêtes, le pire endroit avec ce genre de météo ! En tout cas, les prévisions sont tombées bien à coté : des orages étaient certes annoncés au nord mais pas ici. Alors pourquoi continuent-ils leur chemin vers nous ?
Nous continuons en redoublant de vitesse. Nous devons passer la brèche le plus vite possible pour passer de l’autre coté et être à l’abri.
Je n’en mène pas large… Ma vieille phobie de l’orage me rattrape… Je ne réfléchis pas trop et j’avance aussi vite que je peux, sans m’arrêter. La dernière montée est rude, je suis à bout de souffle. Je crois que je n’ai jamais monté une pente aussi vite !
Nous arrivons en haut. Derrière nous, l’orage semble avoir finalement décidé de prendre un autre chemin. Merci au vent qui a décidé de changer de sens… Un peu rassurée, je fais une petite pause pour grignoter. J’ai besoin de recharger les batteries !
Nous basculons ensuite de l’autre coté, pour descendre par de larges lacets à travers les barres rocheuses, vers la haute vallée de l’Agnone. Il y a aussi quelques beaux passages sur de grandes dalles.
De ce coté, le soleil brille. Plus loin devant, quelques nuages s’accrochent en haut des montagnes mais rien de très menaçant. Soudain, un énorme bruit de rocher qui tombe… Étrange… la foudre qui serait tombée ? Peu après, des coups de fusil. Il semblerait que la saison de chasse soit ouverte ici. J’espère juste qu’ils ne sont pas trop près du GR… Raté ! Le chasseur et ses chiens surgissent tout à coup des fourrés, et traversent le chemin, ne prêtant guère attention aux randonneurs qui sont tout de même nombreux. Donc les clochettes qu’on entendait, ce n’était pas le bétail mais les chiens. On le saura pour la prochaine fois.
Le chemin s’enfonce dans la forêt, nous sommes maintenant à l’ombre. Je prends tout de même soin de mouiller ma casquette à chaque fois que nous croisons un ruisseau, histoire de ne pas faire une nouvelle insolation.
La descente se fait plus douce que les jours précédents.
Nous longeons pendant un moment une rivière, toujours dans la forêt et arrivons à la cascade des anglais. Voilà un bon endroit pour s’arrêter déjeuner.
Ici, on voit qu’on s’approche de Vizzavona et des axes routiers : il y a pas mal de marcheurs à la journée.
Pas de baignade, l’eau est vraiment froide et il ne fait pas très chaud. Le ciel s’est de nouveau couvert.
Nous repartons et arrivons aux portes de Vizzavona. Voilà, nous sommes à mi-chemin !
La séparation entre le nord et le sud, c’est ici. A partir de maintenant, nous passons au sud. Fini le Nord si haut-montagneux, nous devrions maintenant avoir des chemins moins escarpés.
Nous arrivons sur une route et la suivons jusqu’à la gare. Nous sommes en plein « Centre-ville ». Deux bars, une épicerie, une gare : une brève incursion dans la civilisation ! Là, nous retrouvons quelques têtes connues. Certains s’arrêtent ici, tandis que d’autres feront une pause d’une journée avant de repartir.
Nous, nous sommes censés passer la nuit ici et continuer la route demain. Sauf que pour la prochaine étape, nous voulons prendre une variante sur les crêtes, ce qui augmente pas mal la distance. L’idéal aurait été de continuer encore un peu aujourd’hui, pour s’avancer et faire l’étape de demain dans un temps raisonnable. Il y a des bergeries indiquées en chemin, Van aimerait qu’on aille jusque là. Sauf que rien n’indique qu’il s’agisse de bergeries où l’on peut bivouaquer, comme à Ballonne ou Radule. Cela voudrait donc dire bivouaquer à l’arrache alors que ce n’est pas permis. J’hésite un peu d’autant plus que je commence quand même à être fatiguée.
Alors que nous parlons, l’épicier nous entend et nous accoste. Il prend Van a part et lui demande ce que nous voulons faire au juste. Il lui montre alors la carte et lui donne quelques conseils. Il revient ensuite me voir et me donne les infos à mon tour, en essayant de me convaincre d’y aller. D’après lui, on peut camper sans problème à la première bergerie que nous rencontrerons en chemin. Il n’y a personne et même s’il y a quelqu’un, on ne devrait pas nous poser de problème. Et si nous ne sommes pas trop fatigués, nous pouvons d’après lui marcher encore 1h, pour pousser jusqu’à une seconde bergerie. Là aussi, il sera possible de camper. Et la météo ? Ça se couvre mais ça ne devrait pas tourner à l’orage cette fois. Je finis par accepter.
Nous en profitons pour faire le plein de nourriture pour les prochains jours, achetant notamment un très beau lonzo qui fait bien envie !
Nous discutons encore un peu avec lui, apprenons qu’il est originaire de Bourgogne et qu’il déteste le mec qui tient l’aire de bivouac du village ! Si nous étions restés, il nous aurait indiqué un camping un peu plus loin, bien plus convivial selon lui.
Nous repartons… sous la pluie. Elle est fine au début et comme le chemin monte dans la forêt, ce n’est pas très gênant. Mais elle s’intensifie au fur et à mesure que nous montons, pour atteindre son apogée alors que nous sortons de la forêt. Nous voici dans des paysages plus alpestres, garnis de bosquets d’aulnes.
La pluie s’est encore intensifiée et nous sommes littéralement trempés ! Derniers lacets avant Bocca Palmente où nous prenons un chemin de ronde qui se dirige vers les bergeries d’Alzeta.
Mais avant de prendre ce chemin, nous passons près d’une source. Nous faisons le plein et continuons notre chemin ?
Je commence à avoir vraiment froid, pas question de traîner.
Nous commençons alors à croiser pas mal de salamandres, ravies de ce temps pluvieux ! Par contre, elles se baladent partout et nous devons faire attention à ne pas leur marcher dessus.
Il nous faudra marcher encore un peu à flanc avant d’arriver à la bergerie d’Alzeta.
Tout est fermé, c’est bien désert comme nous l’avait dit l’épicier de Vizzavona. Nous faisons une petite pause ici et grignotons un morceau de pain avec du fromage. C’est cette bergerie que nous visions pour la nuit mais l’épicier nous ayant dit que la suivante n’était qu’à 1h de marche, nous hésitons à poursuivre. Il est 19h30, c’est tout à fait jouable.
Nous décidons finalement de repartir. Nous continuons dans la forêt. Nous croisons encore plus de salamandres, je manque d’en écraser une plus d’une fois !
La pluie a cessé. Nous avançons mais nous ne voyons toujours pas de bergerie au bout d’une heure… Bon, nous ne marchons peut-être pas aussi vite qu’il le faudrait… Ceci dit, il fait de plus en plus sombre, le soleil commence à se coucher…
Au bout d’un moment, ne voyant toujours pas de bergerie, nous finissons par regarder la carte, chose que nous n’avions pas fait jusqu’à présent, faisant entièrement confiance à l’épicier. Et là, nous comprenons qu’il faut bien plus qu’une heure pour arriver à la bergerie ! Nous aurions dû vérifier à la première bergerie. Mais pas le choix, il faut continuer. Nous sortons les frontales et continuons dans la forêt. Le chemin est toujours bon mais parfois semé d’embûches : un arbre en travers qui nous oblige à le contourner et à perdre les marques du GR pendant un moment ; un ruisseau à traverser en passant sur des rochers glissants…
Mais enfin nous arrivons aux bergeries d’E Scarpaceghje. Tout est fermé mais du linge est étendu dehors. Je ne suis pas sûre que ce soit aussi désert que cela… Mais bon, il est 21h30 et nous sommes rincés, dans tous les sens du terme ! Nous nous arrêterons donc ici. Van monte un peu au-dessus de la bergerie et repère un emplacement pour planter la tente. On se pose ici. Il fait à manger pendant que je m’installe dans la trente qui est trempée : l’eau goutte sur moi ! J’essuie le sol pour qu’il y ait le moins d’humidité possible mais pas de miracle : la nuit sera humide. Soupe chaude, semoule au thon et dodo !
Au final, nous aurons marché environ 12h et fait 1597m de dénivelé. Belle étape !
Il est 22h30 passé et demain est une grosse journée. Nous mettons le réveil de bonne heure, histoire de plier la tente au petit jour.