Réveil au beau milieu de la nature. Le calme.
Une averse, petite mais qui suffit pour que je range la tente mouillée. Malgré tout, le temps est plutôt dégagé. Une belle journée en perspective.
Je me mets en route. Ce matin, c’est dur. j’ai du mal à trouver mon rythme, je peine.
Et puis finalement, ça vient. Je marche d’un bon pied et j’avance d’un pas décidé. J’avale les km tant que je suis en forme. Qui sait combien de temps cela va durer alors autant en profiter tant que tout va bien. Cette réflexion me fait penser à Skógar… à la Belgique…
Je prends la même route que pour aller voir Karl og Kerling.
Je passe à nouveau près d’eux. Je surplombe les deux géants.
Et puis, le paysage est splendide. Rien que pour ça, cela vaut le coup d’en ch… un peu. Toujours les orgues basaltiques, toujours les couleurs.
Une rivière à passer à gué. Pas de courant, pas très large, tout va bien.
Je passe sur la rive plus désertique de la rivière.
Un coup de pompe ? Au détour du chemin, une cascade me redonne le sourire et du courage.
Aux abords, je dérange un groupe de canards.
Une envie de casser la solitude ? Un pluvier doré surgit et siffle à mes cotés. Je lui réponds, il me suit et m’accompagne pour un temps.
J’aime cet oiseau, il est beau et il apaise… Je ne le sais pas encore, mais j’en rencontrerai un à chaque fois que je marcherai. Mon compagnon de voyage en sorte.
J’ai fait les ¾ du chemin. Finalement, malgré une mise en route poussive, j’ai marché beaucoup plus vite qu’hier. Du coup, je m’arrête pour manger un morceau et je croise les premiers randonneurs depuis 2 jours. Un couple de canadien qui me demande si tout va bien. Yes, nickel ! Eux aussi n’ont croisé personne avant moi. Seuls au monde…
C’est reparti, dernière ligne droite.
C’est vraiment plus dur après manger, même si je n’ai fait que grignoter. Et surtout, je commence à avoir mal aux pieds… J’ai bien peur d’avoir négligé cet aspect en préparant mon voyage ; les chaussures pour un trek avec portage… le point faible…
Qu’importe, j’avance. Je ne suis pas loin de l’arrivée. Et mon ami le pluvier doré qui refait son apparition.
J’arrive près de Hafragilfoss. J’aperçois les embruns au-dessous du canyon.
J’aimerais prendre le chemin qui passe au plus près d’elle. Mais j’y renonce à cause de mon sac. Des passages où il faut escalader, des cordes pour s’aider, je ne le sens pas. Je reste sur le chemin. J’aperçois tout de même des cascades.
Le paysage devient de plus en plus lunaire. La verdure disparaît, au revoir les arbres, bonjour la rocaille. Le ciel se charge et change de couleur. Une touche de mystère vient teinter l’atmosphère.
J’arrive au camping, ou plutôt l’endroit où il est autorisé de camper. Un couple d’allemand est en train de s’installer.
Ici, pas d’eau, aucune infrastructure. Juste deux bidons d’eau ravitaillés chaque jour par les rangers. Juste à coté, une boite et un guestbook.
Je le feuillette. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’est pas beaucoup rempli. Je suis un peu étonnée… Soit le chemin n’est pas aussi fréquenté que je l’imaginais, soit les gens n’écrive rien dans le guestbook. Ce n’est peut-être pas un hasard si je n’ai croisé pratiquement personne depuis 2 jours.
Je monte ma tente. Je prends le temps de trouver un endroit où il n’y a pas trop de cailloux. Le sol est sableux. Ça me rappelle un certain Krakatindur… Ici aussi il y a du vent… Ici aussi je mets des pierres sur les piquets, pour être sûre que cela tienne. De la poussière partout dans la tente, c’est l’enfer ce sol.
Je pars en direction de Dettifoss. Je l’entends gronder au loin… Le monstre blotti au creux du canyon. Je comprends vite une fois arrivée devant. Ce débit d’eau, c’est impressionnant !!
Je reste un moment à la regarder, je suis fascinée. Cette puissance m’hypnotise.
Au plus près d’elle, il pleut. Un rayon de soleil ? Des arc-en ciel dans tous les sens.
Je marche de long en large, je m’éloigne, je me rapproche ; je ne m’en lasse pas.
Je la quitte tout de même et je me dirige vers Selfoss qui est un peu en amont.
Nouvelle bonne surprise. Certes, elle est moins impressionnante, mais elle est tellement plus belle. La puissance a laissé la place à la beauté d’une série de cascades qui se rejoignent et viennent se jeter au même endroit.
Je flâne un peu autour. De grandes flaques d’eau sont éparpillées aux abords, sur fond de roche et de boue. L’endroit dégage beaucoup de choses.
Je reviens au camping. Le vent est toujours très présent, difficile de faire chauffer de l’eau. Galère même. Je mets le réchaud à l’abri sous le auvent de la tente. Mais le vent rabat la toile qui passe à un cheveu de la flamme. Non, non et non, ce n’est pas le moment de mettre le feu à la tente. Je laisse tomber. L’eau est tout de même assez chaude pour la soupe et le thé.
Par contre, la poussière c’est vraiment pénible. Je ne pourrai rien laisser sous le auvent.
Je reçois un sms de Christine. Tout est ok dans le sud et le soleil brille. Ça fait plaisir d’avoir un signe de la part de quelqu’un, après deux jours de marche en solitaire.
Je téléphone aussi à une agence d’interim qui tente de me joindre depuis deux jours et me laisse des messages. Conversation surréaliste : je suis en train de parler boulot, internet au milieu de nul part, dans un endroit où il n’y a même pas d’eau. J’écoute, je regarde autour de moi, je suis sans voix. Le monde est parfois absurde…
Demain bus à 13h30 pour Myvatn. Et douche direct en arrivant ! Je me sens vraiment crade.