Distance : 19,4 km
Ascension : 441m
Descente : 405m
Réveil matinal. Je range rapidement mes affaires pour ne pas trop traîner et partir tôt. J’échange quelques mots avec mes voisines, des allemandes. Elles trouvent génial de faire de l’itinérance et de changer d’endroit tous les jours !
Hop ! Le sac sur le dos, je pars en direction des Cullins, qui pour le moment, ont un peu la tête dans les nuages.
Une fine pluie tombe aussi mais heureusement, cela ne dure pas.
Je traverse la route pour récupérer un chemin bien visible qui s’enfonce dans la vallée. Juste à la sortie de Sligachan, je croise une véritable forêt de cairns.
Un couple me devance sur le chemin mais eux feront demi-tour un peu plus loin. Je me retrouve très vite seule au milieu des montagnes.
Un peu plus loin, je remarque tout de même une tente, plantée un peu en surplomb du chemin. Un sacré bon endroit pour bivouaquer !
Petit à petit, la brume se dissipe et je commence à apercevoir les sommets des montagnes. Mais les éclaircies restent timides.
Je continue ma route et je remonte la vallée. Cela pourrait paraître monotone mais j’y prends vraiment plaisir. Ce calme… Aucune difficulté en chemin : c’est bon de marcher sans se poser de question.
Pourtant, une question va se poser un peu plus loin. J’arrive à l’endroit où je dois faire un choix : soit je continue tout droit pour continuer dans la vallée jusqu’à la côte, soit je bifurque à droite pour passer au cœur des Cullins et par le « Bad step ». Un passage un peu aérien, sur une dalle, au-dessus de la mer. Ce n’est pas difficile mais impressionnant. Et l’erreur et la chute ne sont pas possible, au risque de tomber directement dans la mer. Pour vous donner une idée, regardez cette vidéo. Le « Bad step », vous pouvez le voir à 2 min 14.
Ce « Bad step », j’ai très envie de le faire. Certes, un peu pour l’adrénaline mais aussi parce qu’il donne sur le Lock Coruisk qui à l’air d’être splendide. Le souci, c’est la météo. Même si le ciel semble se dégager par endroit, il reste encore bien gris et je redoute qu’il ne pleuve… Or, passer le « bad step » avec un sac d’un peu moins de 20kg sur le dos, sur une dalle mouillée… Tout de suite, ça change la donne. Si je n’avais pas été toute seule, je pense que je me serai posée moins de questions. Mais là, je décide de renoncer et de continuer dans la vallée. Et après tout, cela me donne une nouvelle raison de revenir !
Je continue donc tout droit, jusqu’au bout de Loch an Athain, avant d’enchainer le long de Loch na Créitheach. Les deux lacs sont dominés par Blàbheinn, la montagne bleue. Une belle masse ! C’est elle que j’envisage de gravir dans deux jours. Pour le moment, elle est bien plombée par les nuages…
Le chemin est toujours aussi humide et boueux. Et quand je dis ça, ce n’est pas exagéré. Voici une petite photo qui en dit long…
Voilà le genre de terrain que je traverse depuis le début de ce trek… Voilà ce qui met bien à mal mes chaussures chaque jour. Voilà pourquoi j’arrive avec les chaussures mouillée et boueuses chaque soir.
Je suis donc ce marécage, tout le long des deux lochs. En chemin, je manque de marcher sur deux grenouilles. De couleur marron, immobiles jusqu’à la dernière minute, ce que j’identifie d’abord comme une pierre, saute tout à coup sur le coté.
Au fur et à mesure que j’avance, le ciel s’éclaircit. Cette fois, il semblerait qu’il ait vraiment décidé de se dégager et que le soleil se décide à pointer le bout de son nez.
J’arrive au bout du second Loch. Face à moi, j’aperçois la côte.
Je décide de faire une halte ici pour manger un morceau. Adossée à un rocher, je profite de la vue en grignotant mon sandwich. L’endroit est tellement paisible… Comme une invitation à rester et à planter la tente ici…
Mais il faut repartir ! J’arrive sur la côte, à Camasunary. Terminé la vallée, je vais maintenant longer la mer jusqu’au petit village de Elgol. Je me retourne une dernière fois, un dernier coup d’œil à la vallée et aux montagnes. La vue est somptueuse.
Juste avant le chemin également, une petite maison, visible sur la photo ci-dessus. Elle semble fermée et je me demande qui est le chanceux qui habite ici ou qui a une résidence secondaire dans un endroit aussi magique. De retour en France, j’apprendrai qu’il s’agit en fait d’un « Bothy » qui vient d’être rénové. Un refuge ouvert aux marcheurs et qui peut accueillir 15 personnes. Si j’avais su, je pense que j’aurai prévu une halte ici, un soir. Si jamais vous passez par là, faites-le. Le cadre est tout simplement incroyable : la mer, les îles, les blacks Cullins…
Le long de la côte, le chemin serpente dans les fougères, les arbustes.
Il est étroit et passe parfois très près du bord. Ce n’est pas vraiment dangereux mais il faut quand même rester vigilant. Avec la boue, c’est parfois glissant. Et je vais justement en faire les frais un peu plus loin, juste avant d’arriver sur une plage que je vais devoir traverser avant de continuer sur la côte. Je commence à descendre, c’est un peu raide. Tout à coup, mon pied glisse. Je sens que je pars, que je ne peux rien faire pour éviter la chute. Zip ! Je me retrouve sur les fesses, dans la boue. Je ne me suis pas fait mal du tout mais me voilà bien crade !
Je traverse la plage où un troupeau de vache a élu domicile. De l’autre coté, je récupère le chemin côtier. C’est la dernière ligne droite avant Elgol. Je me retourne encore une fois avant de continuer…
… et encore une fois un peu plus loin…
Je ne m’en lasse pas…
En chemin, encore pas mal de boue, de ruisseaux qui se sont formés sur le chemin. Je commence à fatiguer. Heureusement, peu de temps après, j’aperçois Elgol.
Je rejoins la route et je rentre dans le village.
Je m’arrête sur le parking à l’entrée. J’en profite pour faire le plein d’eau dans les toilettes publiques. C’est bon à savoir aussi pour demain matin : je pourrai venir en chercher ici, c’est sur le chemin de la prochaine étape. Pas besoin de chercher de ruisseau ! Et pas de micropure ce soir !
Puis je me dirige vers le petit port. Je pense aller au-dessus, dans les collines près de la cote pour bivouaquer. Mais avant de monter, je m’arrête au petit « shop » qui est sur le port. Une petite camionnette qui vend du thé, du café, des gâteaux et quelques sandwichs. Ici, rien d’autre, pas d’endroit où se ravitailler vraiment en nourriture même s’il y a un autre petit shop à la sortie du village. Les deux sont tenus par la même famille.
Je prends le temps de boire un thé, de manger un muffin aux myrtilles et de discuter un peu avec la femme qui tient le camion.
Comme tous les gens que je croise, elle me demande si je fais le Skye trail. Elle me dit qu’au début de la semaine, elle croisait des gens qui faisaient le parcours en partant du sud. Et maintenant, elle croise des gens qui arrivent du nord. Elle me demande aussi si j’étais dehors au moment de ce “terrible” orage… Oui… Elle me dit qu’ici, ce sera désert dans 2h : les touristes ne viennent que pour prendre le bateau et aller se promener au pied des Cullins. Puis ils repartent. La plupart des maisons sont des Bed & Breakfast ou des résidences secondaires. Il n’y a qu’une centaine d’habitants si on compte ceux d’Elgol et des deux petits villages un peu plus loin. 8 enfants à l’école. Les chanceux !
Une averse. Et zut… Elle me dit de me rapprocher du camion pour me mettre à l’abri. Ouf ! La pluie s’arrête rapidement. Je la salue et je pars à la recherche d’un endroit pour bivouaquer. Je monte dans les collines et je repère rapidement plusieurs endroits possibles pour planter ma tente. Un peu plus loin, quelques vaches se baladent. Je choisis une place un peu en retrait du chemin et assez loin des vaches, avec un superbe point de vue sur les Cullins….
… et sur la mer et les îles de l’autre coté…
Voilà qui est très correct pour ce soir ! Hélas, je ne vais pas en profiter beaucoup. Peu de temps après m’être installée, il se met à pleuvoir assez fort. Le souffle s’est aussi un peu levé, je vais retendre un peu ma tente et je me réfugie dedans. J’en profite pour étudier la carte pour l’étape de demain et pour étudier aussi un peu plus en détail l’ascension du Blàbheinn prévue après-demain. Mais bon… Le géant de pierre a souvent la tête dans les nuages, ce n’est pas gagné.
Je somnole un peu. Dîner. La pluie s’est un peu calmée. Un dernier coup d’œil aux montagnes et je m’endors.