Distance : 12,8 km
Ascension : 507 m
Descente : 494 m
Voilà : c’est aujourd’hui que commence vraiment le Skye trail. Réveil pluvieux… je range la tente mouillée, je pars sous la pluie jusqu’au centre-ville et il continue de pleuvoir quand je monte dans le bus…
Direction le nord de l’ile. Plusieurs arrêts dont un au Old Mann of Stor, où la plupart des passagers descendent, tandis qu’une poignée de personnes restent à bord et continuent la route. La météo est toujours aussi maussade et le vent semble souffler fort…
Le bus arrive à Duntulm. Ici, il n’y a pas grand-chose à part un hôtel. Mais c’est le point de départ du Skye trail. Donc c’est ici que je descends, ainsi qu’une autre personne.
Comme je le redoutais, en plus de pleuvoir, le vent souffle vraiment fort. Ça risque de vite devenir pénible, je croise les doigts pour que ça se calme rapidement…
Je récupère mon sac et le recouvre avec sa housse imperméable. A coté, le garçon qui est descendu aussi semble galérer avec sa cape de pluie : elle virevolte un peu trop avec le vent. Je lâche mon sac pour lui donner un coup de main. Nous échangeons quelques mots. Lui aussi fait le Skye trail mais dans le sens sud-nord et la météo l’a contraint à modifier son parcours aujourd’hui… Trop de pluie et surtout trop de vent pour bivouaquer, il s’est arrêté à Flodigarry et n’a pas enchainé avec le Trotternish ridge aujourd’hui. Il a pris le bus et continue en repartant du nord, pour redescendre et espérer terminer les 2 dernières étapes.
Il part en direction du château pour aller voir les ruines, tandis que je décide de partir directement sur le chemin. Je commence par suivre la route pour aller jusqu’à un parking et prendre le chemin qui mène à la côte et à Rubha hunish, une petite bande de terre qui s’avance dans la mer : le point le plus au nord de l’île.
Route, parking, chemin. Cette fois, c’est vraiment parti. Il y a un vent à décorner les bœufs ! Heureusement, il ne souffle pas de face… Quelques personnes prennent le même chemin que moi. Sans gros sacs, des randonneurs pour la journée.
J’arrive à proximité de Rubha Hunish. Il est possible d’aller sur ce bout de terre mais je renonce : avec ce vent et cette pluie, cela n’a aucun intérêt. Et pour la vue sur les Hébrides, c’est râpé aussi : ciel et horizon bouchés !
Je continue jusqu’au « bothy » qui est un peu plus loin. C’est un petit refuge ouvert à tous et entretenu par des bénévoles. Il tombe à point nommé ! Et s’il fait beau, la vue doit être magnifique ! Si j’avais su, j’aurais passé la nuit ici hier soir.
Quand j’arrive là, cela ne fait même pas 1h que je marche et je suis déjà trempée jusqu’aux os. Je rentre dans le refuge et je ne suis pas la seule à vouloir me mettre à l’abri. Je grignote un morceau, j’attends quelques minutes. Je me dis que la pluie va peut peut-être se calmer ? En fait, non. Le ciel ne semble pas vouloir se dégager pour le moment… Je décide de repartir quand même. Je sors, je fais quelques pas et… demi tour. Trop de vent, trop de pluie, ça cingle et je n’y vois pas grand-chose.
Là, je commence à sérieusement me demander si je vais continuer ou si je ne vais pas faire demi-tour pour reprendre le bus jusque Flodigarry… Dans le bothy, une fille s’est installée ici depuis hier : elle aussi fait le Skye trail mais vu le temps, elle a décidé d’attendre que cela s’améliore. J’ai bien peur qu’elle ne doive attendre longtemps ! Arrive alors le « skye trailer »rencontré à l’arrêt de bus. Il entre aussi se mettre à l’abri mais lui est décidé à continuer. Je prends finalement la même décision et nous repartons ensemble.
Dehors, j’ai vraiment l’impression de braver la tempête ! Visibilité quasi nulle, le vent nous pousse et la pluie cingle le visage. Heureusement, le chemin est simple : il suffit de suivre la côte. La carte et le GPS nous aident par moment quand on hésite devant une barrière ou une route.
Rencontre avec un groupe d’oies, qui surgit d’un fossé. Elles nous précèdent et courent devant nous sur la route (et trébuchent parfois), avant de disparaître dans une ferme.
Coté météo, le vent souffle encore mais la pluie a cessé. C’est déjà un peu mieux.
Nous avançons bien et il ne nous reste qu’environ 2,5 km quand je décide de m’arrêter pour manger un morceau. Mon compagnon de marche, lui, continue jusqu’à Flodigarry.
Je repars seule. Toujours le long de la côte et alors que le vent semble faiblir un peu. Sur ma route, un enclos avec quelques vaches, ou encore des orgues basaltiques…
… et une descente un peu raide pour arriver au pied d’une falaise.
Là, dans les airs, j’assiste à une embrouille entre un goéland et un labbe.
Quelques minutes plus tard, j’arrive à Flodigarry. Au début, je pensais bivouaquer mais à cause de la pluie, mon sac est bien mouillé et le vent souffle encore pas mal. Je vais donc tenter ma chance à l’auberge de jeunesse, pour voir s’il reste de la place. Sinon, je planterai ma tente sur leur terrain de camping : je pourrai au moins profiter de leur cuisine et de leur drying room.
Le problème, c’est que l’accueil est fermé jusque 17h et il n’est que 15h… Je suis un peu dépitée, j’aurais bien aimé me poser dès maintenant. Mais alors que je fais demi-tour, une femme passe et me demande si elle peut m’aider. Je lui explique que je viens d’arriver et que je voulais savoir s’il restait une place dans l’auberge pour moi… Oui, il reste une place dans un dortoir et elle est pour vous. « It’s your lucky day! » me dit-elle. Cette femme, c’est Annabelle, la patronne de l’auberge de jeunesse. Je ne sais pas si elle a eu pitié en me voyant toute trempée, en tout cas, elle ouvre l’accueil pour moi. Je discute un peu avec elle et lui dis que je commence le Skye trail. Elle me dit que pour demain, il faudra bien checker la météo ce soir, voire demain matin aussi, pour voir si l’étape du Trotternish est envisageable ou pas. Mais pour le moment, elle est plutôt pessimiste…
Je paye, récupère mon sac à viande et je monte poser mes affaires. Dans la chambre, deux allemands se reposent. Je discute un peu avec eux : ils font aussi le Skye trail. Comme mon compagnon de voyage de ce matin, ils sont partis du sud et se sont arrêtés aujourd’hui à cause du mauvais temps. D’après eux, cela devrait durer jusque mercredi. On est samedi… Ça me fout un petit coup au moral !
Une douche et je descends dans la cuisine pour me poser et me faire un café. Je croise mon compagnon de marche, Stéphan, qui lui aussi ne sait pas trop ce qu’il va faire demain.
Un peu plus tard dans la soirée, je vais voir Gavin, le mari d’Annabelle pour checker la météo. Je lui dis que je voudrais faire le Trotternish ridge, il grimace… La météo n’est pas bonne mais il me dit d’attendre demain matin. Je lui explique aussi que je voudrais couper l’étape en deux et bivouaquer sur le ridge. Il me répond que c’est une bonne idée et qu’il connait un « bon camping » là-haut, avec une rivière à proximité. Intéressant car mon problème, c’était justement de trouver de l’eau pour éviter d’en prendre pour deux jours. Il me montre l’endroit sur la carte : c’est à environ 10 km du début de l’étape. Parfait ! Cela me fera une seconde étape à 18 km, ça me plait nettement plus que d’enchainer les 28 km avec un dénivelé de plus de 1500m !
Il ne me reste donc plus qu’à patienter jusque demain matin pour savoir comment va se passer la suite de mon périple. Mais quoi qu’il arrive, j’irai dans le Quiraing : Gavin m’a confirmé que ça, c’était possible même si la météo n’était pas top. Me voilà rassurée : je ne resterai pas enfermée !