Après 5 jours de marche dans le Jotunheimen, la fatigue commence à vraiment se faire sentir le matin. Entre le terrain accidenté et la météo capricieuse, nous sommes mis à mal chaque jour et la fatigue s’accumule.
Nous commençons par trier et emballer les affaires que nous allons envoyer au prochain refuge par bateau. Nous ne garderons que l’indispensable pour la journée. Je ne remets pas la main sur mes gants… Et bien sûr, je risque d’en avoir besoin aujourd’hui pour le passage où il faudra escalader et s’aider d’une chaine. Du coup, Carine m’envoie à l’accueil du refuge pour en récupérer une paire : ils en ont pas mal en stock, perdues par les voyageurs. Me voici donc avec une paire gant en laine. Elle a un peu vécue mais elle fera l’affaire pour aujourd’hui.
Nous nous réunissons devant le refuge et partons. Nous allons remonter le lac au-dessus duquel la brume s’est un peu accumulée ce matin.
Mais tout d’abord, nous devons amener les grands sacs poubelle avec nos affaires à l’embarcadère. Ils sont lourds et passent donc de bras en bras, d’épaule en épaule. Quand on arrive, ils commencent déjà à se déchirer… Espérons que tout arrive à bon port quand même… Devant l’embarcadère, Carine nous raconte l’histoire d’une femme née en 1871, au bord du lac. Prématurée, alors que son avenir était incertain, elle vivra finalement jusque 80 ans et restera toute sa vie au bord du lac dont elle tient le prénom : Gjendila.
Nous reprenons notre route avec nos sacs légers sur le dos et prenons la direction de Bukkelægret : le fameux passage où il faudra monter en escaladant un peu. Bien sûr, lorsque nous arrivons au pied de la montagne, il commence à pleuvoir… Pas de chance… Avant de monter, nous rangeons les bâtons, ajustons les sacs, retirons une épaisseur et gardons nos gants à portée de main.
Puis, nous commençons à monter. L’eau ruisselle sur le sol. Gerda et Carine nous ont demandé de nous diviser en petits groupes et de rester ensemble pour la montée, chacun attendant les autres personnes de son groupe s’il le faut. Julie, Christile, Yin et moi-même restons avec Carine. Nous commençons à escalader la roche. C’est trempé donc il faut s’assurer de bien poser les pieds mais ça se monte plutôt bien. Nous arrivons au premier passage avec une chaine. C’est un peu plus raide en effet mais pas besoin de chaine pour monter me concernant : il y a de bonnes marches pour poser les pieds. Nous montons les uns après les autres. Tout le monde s’en sort bien. Deuxième passage un peu raide avec une chaine. Et une troisième chaine en main-courante. Pas de difficulté majeure, il faut juste être vigilant pour ne pas glisser. Mais heureusement que nous n’avons pas de gros sacs.
Nous avons passé les passages les plus raides et faisons une pause.
La vue sur le lac est splendide malgré la brume accroché aux montagnes…
Photo de notre groupe par Christile.
Nous montons encore un peu et nous arrivons sur un plateau où se succèdent petits collines et lacs.
Certes, encore une étendue de rochers à traverser… Les jours se suivent et se ressemblent. Nous arrivons près d’un superbe lac, derrière lequel se détachent les montagnes…
Mais le clou du spectacle arrive juste après… Quelques mètres plus loin, nous nous retrouvons face au mac, avec une vue à couper le souffle. L’image typique de la Norvège. Le ciel bleu étant au rendez-vous, les conditions sont parfaites et nous permettent de voir toutes les couleurs des paysages, dont le magnifique vert du lac.
Ici, photo devant le lac obligatoire !
Commence ensuite la descente vers Memurubu. C’est un peu raide ma foi. On se demande ce qu’il y a derrière cette butte…
Nous descendons à notre rythme avec Christile et en profitons pour papoter sur le chemin. La descente est vraiment raide et se fait dans les rochers. Les genoux morflent encore un peu. Derrière nous, à gauche, s’étend la vallée. A droite, le lac s’étire tout le long des montagnes. 18km, telle est sa longueur…
Enfin, Memurubu apparaît devant nous, au bord du lac.
C’est encore d’un grand refuge, privé cette fois, tenu par trois générations d’une même famille : le grand-père, le fils et le petit-fils. Leurs femmes s’occupent de la cuisine. Ils utilisent l’énergie de la rivière pour alimenter le refuge en électricité. Une cabane avec tout le système se dresse au bord de là dite rivière.
Arrivée au refuge. Un long couleur qui mène aux chambres.
Chaque chambre a sa propre salle de bain, c’est le grand luxe ! Je pose mes affaires et je ressors aussitôt pour aller me poser quelques instants près du lac. Il fait beau, il fait bon, j’en profite.
Je reviens ensuite près du refuge pour m’asseoir avec une partie du groupe autour d’une table, toujours dehors. Nous prenons un verre ensemble. Le dîner est à 17h45 !! De plus en plus tôt !!
Puis, tout le monde se rejoint dans le salon pour le meeting du soir. Demain, c’est l’étape de Bessegen. Ce n’est encore pas un passage très facile : une arrête étroite, coincée entre deux lacs, où il faudra encore escalader un peu. Sans chaine pour se tenir cette fois. Il s’agit notre dernière étape. Nous arriverons alors à Gjendesheim, notre point de départ du premier jour. Nous prenons le bus le soir-même, à 17h20. Il ne faudra donc pas trainer en route si on ne veut pas le louper. Et il faut prévoir 7h de marche… Une partie du groupe prendra un autre chemin, le long du lac. Ceux qui ne veulent pas grimper passeront par là. Mais la majorité veut faire Bessegen. C’est l’endroit à voir ici, point fort de ce voyage. Et même si nous commençons tous à fatiguer, nous décidons pratiquement tous de passer par là.
Ce soir, c’est notre dernière soirée tous ensemble. Carine et Gerda ont décidé de nous concocter un quizz sur notre voyage. Elles nous répartissent par équipe et commencent à nous poser les questions. Quelle est la hauteur du Glittertind ? En quelle année est née Gjendila ? Quelle distance avons-nous parcouru entre Spiterstulen et Leirvassbu ? Combien de personnes dans le groupe marchent avec des bâtons ? En quelle année a été créé le parc du Jotunheimen ? Les réponses ne sont pas toujours évidentes… Mon équipe s’en sortira quand même bien en terminant deuxième.
Je reste ensuite un moment dans le salon pour écrire. Je me joins ensuite à Gerda, Julie, Christine et Carine qui parlent du voyage que nous venons de faire tous ensemble.
22h. Certains vont faire un tour au feu de camp organisé par quelques personnes du groupe. Une heure plus tard, c’est l’extinction des feu. Et notre dernière nuit dans le Jotunheimen.