Le départ est prévu à 9h30. Ça nous semble un peu tard mais on ne va pas se plaindre de ne pas se lever aux aurores. Et je loupe en plus la sonnerie du réveil : je n’ai pas entendu le téléphone de Jessica. En fait, personne ne l’a entendu… Je m’active quand j’entends bouger les autres. Je descends pour prendre mon petit déjeuner et préparer les sandwichs pour ce midi. Une grande partie du groupe est déjà là. Je remonter fermer mon sac et je redescends pour le rendez-vous de 9h30.
Dehors, il pleut pas mal. La pluie prévue cet après-midi est en avance. J’enfile tout de suite les habits de pluie.
Nous commençons directement par une petite montée. Montagnes, nous voici. C’est un peu raide mais j’ai déjà deux semaines de marche dans les jambes : ça aide beaucoup. Le groupe s’égraine un peu. Nous attendons en haut pour recoller les morceaux. On dirait qu’il y a une grosse différence de rythme entre les personnes quand même… Durant toute la montée, la vue sur le lac est splendide. Le temps est brumeux, le ciel couvert mais le spectacle marque quand même les esprits. Pas de photos pour cause de pluie battante. Espérons que ça se calme un peu dans la journée. J’aimerais avoir une chance de sortir mon appareil quand même.
Hélas, plus nous marchons, plus il pleut. C’est le déluge ! Nous surplombons plusieurs lacs et redescendons de l’autre coté de la montagne pour longer l’un d’entre eux. Cette fois, je sors l’appareil. J’aimerais quand même immortaliser ce moment.
Pause que quelques minutes près d’une cabane de pêcheur. Je profite d’être un peu abritée pour remettre un pull et sortir mes gants. Cette pluie nous glace le sang.
Nous repartons et traversons une rivière. Le pont tangue un peu sur notre passage.
Du coté du lac, le brouillard accentue la couleur laiteuse de l’eau et contribue à créer une ambiance particulière. La pluie ne se calme toujours pas… Nous arrivons près d’un nouveau groupe de maisons de pêcheurs. Sissel espère que l’une d’entre elle sera ouverte pour que nous puissions nous mettre à l’abri le temps du déjeuner. Raté.
Il nous reste le auvent de l’une des maisons. Nous nous tassons tant bien que mal.
Une autre partie du groupe va se réfugier dans un hangar qui est ouvert. Je retire mes gants et je les essore. Ils sont gorgés d’eau. Ce n’est pas très agréable de les remettre après le déjeuner.
Nous repartons. Le sol ruisselle, nous pataugeons dans la boue et dans les flaques d’eau. Nous arrivons à proximité d’un nouveau lac que nous longeons. Et là, miracle : la pluie cesse et nous avons même droit à un rayon de soleil. A ce moment, le brouillard se dissipe, les couleurs apparaissent. Les montagnes, le lac qui serpente. Ça change tout et ça remet du baume au cœur. Voici les images du Jotunheimen que j’avais en tête. Et je ne suis pas déçue. Il ne reste plus qu’à sécher un peu…
Alors que nous profitons de la vue et prenons des photos, deux norvégiens arrivent en sens inverse. Ils s’arrêtent et discutent avec Louise et Strange, le couple danois. Le pont que nous devons traverser un peu plus loin est cassé. Impossible de l’emprunter. Un chemin alternatif a été tracé. Cela nous oblige à descendre en bas de la rivière, au bord du lac puis à remonter. Et mine de rien, cela va nous rallonger de 1km. Déjà que l’étape est longue, on s’en serait bien passé… Cela nous oblige aussi à traverser une étendue de rochers rendus glissants par la pluie. Un vrai bonheur. Je prends mon temps, aussi bien pour éviter la glissade que pour ménager mes chevilles. Ah les rochers… Nous ne le savons pas encore mais nous ne sommes vraiment pas au bout de nos peines avec eux.
Nous remontons et arrivons en surplomb du pont cassé. Mmm… Je pense qu’on aurait pu traverser la rivière à gué ici mais bon… des fois, j’ai l’impression que les norvégiens n’aiment pas trop déchausser et se mouiller les pieds… Nous voici à nouveau sur le chemin marqué. Nous passons un col et arrivons dans une grande plaine.
Sur les montagnes autour, la neiges, les glaciers…
Cette fois, le groupe s’est vraiment égrainé. Plusieurs personnes sont vraiment loin par rapport au reste du groupe. Sissel décide de le diviser en deux. Carine restera avec ceux qui marchent plus lentement tandis qu’elle continuera avec les plus rapides. Ça n’a pas l’air de lui plaire beaucoup, on la sent un peu soucieuse…
Nous traversons cette grande plaine et montons en haut d’une montagne. Nous voici à nouveau dans les rochers.
Et cette fois, les chevilles souffrent vraiment beaucoup, même avec les bâtons pour amortir. Et la pluie reprend de plus belle. Moi qui commençait à sécher… La dernière ligne droite est vraiment pénible. Je suis avec Christile, nous arrivons à la hauteur de Louise et Strange. Louise se passe de la glace sur le nez : elle est tombée dans les rochers et semble s’être bien fait mal.
Enfin nous arrivons au refuge. Une partie du groupe est déjà arrivée. Ils ont commencé à faire sécher leurs affaires dans la drying room qui est dans un bâtiment séparé. Je rentre dans le refuge, je pose mes affaires à l’entrée. Ça dégouline de partout. On verra plus tard pour étendre tout dans la drying room… Je voudrais déjà me poser et me reposer. La pluie, les rochers, la journée a vraiment été éprouvante pour tout le monde. Nous sommes tous crevés.
Sissel nous donne nos chambres et nous indique qu’il y a une « super drying room » à l’étage, mieux que le bâtiment dehors. Je monte mes affaires et en effet, j’arrive dans une grande pièce. Je passe la porte ; c’est un vrai sauna !
J’ai ensuite tout juste le temps de prendre une douche avant d’aller dans le salon pour dîner. Sissel attendra le second service, pour diner avec le groupe des retardataires qui n’est pas encore arrivé. Ce soir encore, c’est l’orgie à table. En entrée, la soupe de saumon est divine. Et que dire du dessert : crème sur lit de confiture à la rhubarbe… Un délice.
Le reste du groupe arrive enfin. Ils dineront à 20h30. Nous avons ensuite rendez-vous à 21h30 pour parler de la journée de demain. Plusieurs choix possibles : ascension du Glittertind, l’un des plus hauts sommets de Norvège. Il faut compter 5h de marche aller-retour et 1000m de dénivelé. Sinon, kayak sur le lac ou location de vélo pour ceux qui ne voudraient pas faire l’ascension. Tout dépendra aussi de la météo… mais il semble qu’il fera beau jusque 15h. Ceci dit, il ne devait pas pleuvoir ce matin non plus… Attendons de voir.
Le rendez-vous est fixé à 8h. Moi, je suis partante pour l’ascension du sommet si la météo le permet. Pas question de rester en bas.
Ce soir, ma cheville est un peu douloureuse : les rochers l’ont mis à mal…. Un peu de baume du tigre, une bonne nuit de sommeil et je pense que tout ira bien demain.
Photos de la journée
