J’ai eu froid toute la nuit. Les pieds gelés. Je comprends vite pourquoi. Avec la condensation, de l’eau a coulé du toit de la tente et tout le bas de mon duvet est mouillé. Le haut commence aussi a être attaqué.
Dehors, le temps est affreux. Le ciel est complètement bouché. Bye bye la balade sur le glacier. Ramon est arrivé sur le camp, il devait nous accompagner. Il nous dit qu’il va falloir attendre… Rien d’autre à faire. Nous sommes complètement dépendants de la météo. Nous apprenons aussi que le mauvais temps de demain est confirmé, avec des vents forts. Le camp va donc être vidé aujourd’hui et nous devrions passer la nuit à Narsaq.
Mais pour le moment, il faut attendre. Toutes nos affaires sont rangées, nous devons nous tenir près à partir à tout moment.
Edwige a même trouvé la solution pour ses chaussures trempées !
Mais les bateaux sont bloqués. Trop de brouillard. Et certainement trop de glaçons dans le fjord. C’est dans ce genre de circonstance que l’on se rend vraiment compte de la rudesse et des aléas de cette région. Et à quel point on peut vite être isolé. Le brouillard est tel que même les avions ne décollent pas. Ramon et son équipe doivent revoir toute leur logistique de la journée.
Nous nous regroupons dans la tente mess. Christine et Nicolas croisent Cuny dehors, un bidon sur le dos. Il va chercher de la glace sur la plage pour la mettre dans les glacières. Ils l’accompagnent. Nous verrons revenir Cuny seul… Et Christine et Nicolas bien plus tard, avec de la glace. En fait, arrivés sur la plage, pas de glaçons. Il fallait aller en chercher dans l’eau qui bien sûr est glacée. Cuny : ‘Mmmm… No Ice’ et hop ! Il pose le bidon sur la plage et part.
Christine et Nicolas sont restés et ne se sont pas dégonflés. Nicolas a mis les pieds dans l’eau et à ramené la glace.
Il est midi. Nous commençons à avoir faim. Jean sort la poêle et nous prépare des œufs sur le plat. Hop ! Vite fait, bien fait !
Attendre encore… Il faut savoir être patient ici et s’incliner face à la nature. Nous alternons parties de tarot et lecture. D’autres ont une activité moins intense…
Tout à coup, un cri ‘Aaaooohh !!!! I feel good ! nanana…’. François trouvait les lieux un peu trop calme.
Finalement, le temps s’éclaircit un peu en milieu d’après-midi. Trop tard pour aller sur le glacier mais assez tôt pour aller à Narsaq.
Un groupe d’italien est arrivé entre temps et restera ici 3 jours. Pas grave s’ils sont bloqués par le mauvais temps.
Nous embarquons. Nous retrouvons Jorgen, le chauffeur du premier jour. Il nous emmène d’abord au fond du fjord, au pied du glacier qui est juste en face du camp et qui gronde tellement. Magnifique.
Une colonie de mouettes vole près d’une rivière sous-glacière qui se déverse dans la mer. A l’affût de nourriture.
Nous aussi nous sommes à l’affût. Ce glacier que nous entendons gronder chaque jour va-t-il se briser sous nos yeux ? Oui… Mais un tout petit morceau.
Nous mettons les voiles vers Narsaq. Au loin, le temps est brouillé. Il pleut. Il y a beaucoup d’icebergs et de glaçons dans le fjord. Nous devons ralentir par endroit pour pouvoir slalomer et les éviter.
Tout a coup, une percée dans les nuages, un rayon de soleil et… un arc en ciel !
Nous approchons de Narsaq et il y a tellement de glaçons que l’un des accès au port est bouché, nous devons accoster un peu plus loin.
Un taxi nous attend pour récupérer nos sacs et les emmener au gite. Quant à nous, nous ferons le chemin à pied. José nous accompagne. Il fait partie de Tierras Polares et s’occupe d’accueillir les groupes à Narsaq.
Installation au gîte. Jean et José préparent le repas de ce soir. Au menu, nous aurons du phoque !
En attendant, je vide mon sac pour faire sécher mes affaires. Et passe à la douche. Après 3 jours sans se laver, ça fait du bien.
Christine fait un aller-retour au port avec Nicolas, pour récupérer ses bâtons oubliés dans le bateau. Et les retrouve. Elle croise aussi un autre bateau avec Ramon et un groupe, qui ont quitté Qalerallit pour retourner à Narsarsuaq. Au passage, ils déposent Cuny. Le temps annoncé est tellement mauvais que Ramon ne va envoyer aucun groupe à Qalerallit dans les prochains jours. Cela ne sert à rien qu’il reste là-bas, il revient à un semblant de civilisation pour quelques temps.
Quand il arrive, nous nous préparons un petit apéritif. Vin rouge et toast au foie gras amené dans les bagages.
Diner. Le phoque, surprenant. C’est très bon. C’est une viande persillée, cela me fait penser à du foie. Très fondant. Mais pas gras.
Ce soir, le ciel s’est dégagé et se teinte de rose. Très jolie vue avec les maisons de Narsaq au premier plan. Une autre facette du Groenland, plus douce que ce que le pays nous a laissé voir jusqu’à maintenant. Paisible. Avant la tempête ?