Ce matin, le soleil brille encore. Je rejoins la station service pour prendre mon bus. Pour la troisième fois, je croise la voiture google. Elle est immatriculée en Norvège. Le chauffeur est en train de la laver. Je charge mon sac dans la soute du bus et je monte. Nous partons, direction Skaftafell. Tout au long du chemin, nous allons longer le Vatnajökull et les langues du glacier qui pointent leur nez entre deux montagnes.
Le bus s’arrête à Jökulsárlón pour y rester un peu plus d’1h. Je m’en serais bien passé mais je n’ai pas le choix : cela fait parti du trajet du bus.
La dernière fois que je suis passée ici, le temps était couvert et il n’y avait pratiquement pas de glaçons dans le lac. Cette fois, il fait beau et les blocs de glace sont bien là. Les touristes aussi sont là…
Je descends le long du rivage et je marche un peu le long. Le froid du glacier se fait bien sentir. J’aperçois un phoque qui sort la tête de l’eau, je croise quelques oiseaux.
Un peu plus loin, certains se sont amusés à faire un cercle de pierre en forme d’escargot…
Je reste encore quelques instants face au lac, en haut d’une petite butte. Puis je reviens au Information center où je me pose pour prendre un café sur la terrasse, au soleil. Un petit oiseau peu farouche se pose sur la table et vient picorer des miettes de gâteau.
Les rayons de soleil ne suffisent pas à réchauffer l’air : il fait vraiment froid et je finis par remonter dans le bus pour me mettre au chaud, à l’abri du vent. Le bus repart quelques instants après. Un mec est monté, un américain. Il semble avoir envie de parler. Ça tombera sur une petite chinoise à l’avant du bus. Gentil mais qu’est-ce qu’il parle ! Je l’entends dire qu’il fait du Tai Chi depuis 20 ans. Il a l’air d’avoir pas mal voyagé aussi. Moi, je regarde défiler les montagnes par la fenêtre.
Nous arrivons à Skaftafell. Nous ne sommes que deux à descendre et à rester ici. Le bus repart en direction de Reykjavík. Je passe à la réception payer mes deux nuits de camping et acheter une carte pour les douches. 5 minutes d’eau chaude. J’achète aussi une carte du parc. Je vais ensuite planter ma tente dans le camping. Je choisis d’aller vers le fond, pour être plus près du point d’eau et des douches mais aussi plus loin des tentes qui sont à l’entrée. Je suis aussi à coté du chemin de départ des randonnées. Je mets quand même un minimum de distance et j’oriente l’ouverture de ma tente à l’opposé car c’est un peu passant.
La tente est plantée, je décide d’aller marcher un peu. Il n’est que 13h, j’ai le temps d’aller faire un petit tour. Par contre, je n’ai pas de petit sac à dos pour mettre de l’eau et quelques trucs à grignoter. Je cherche de quoi en fabriquer un : je prends la housse de ma tente, deux sangles, deux mousquetons, un sac plastique pour isoler les affaires qui craignent l’eau en cas de pluie et le tour est joué. Cela fera l’affaire pour la journée.
Je pars en direction de Svartifoss. Je compte rester dans le coin pour éviter de rentrer trop tard. Mais quand même, la chute d’eau n’est pas loin du tout : 1,5km. C’est une ballade de santé ! Et la voici cette fameuse chute, entourée de ses orgues basaltiques.
Je pousse ensuite jusque Sjonarsker d’où l’on peut profiter de la vue sur Morsardalur et surtout Skeiðarárjökull.
En redescendant de Sjonarsker, je décide de suivre le chemin qui mène à Morsardalur. A priori, je ne compte pas aller jusqu’au fond de la vallée, au pied de la langue glacière de Morsárjökull. Enfin, je ne sais pas, je verrai en fonction de l’heure et du temps. Pour le moment, j’avance.
Le chemin est marqué et même aménagé aux endroits les plus humides.
Un oiseau sort des buissons et s’arrête sur le chemin. Et commence à le suivre ensuite, me précédant et m’ouvrant le chemin jusqu’à ce qu’on arrive à un petit ruisseau.
Après avoir enjambé plusieurs petits ruisseaux, j’arrive au bout de la colline, face à la vallée qui s’étend plus bas.
J’hésite à faire demi-tour… Il est encore tôt. Je jette un coup d’œil à la carte et décide de continuer. Je suis le chemin qui redescend dans la vallée. Ici, la végétation a su se faire une place et est bien présente. Le chemin serpente au milieu des arbustes et des buissons, le long de la rivière. Cela me change des paysages noir de corbeau de la semaine passée !
Et quand les arbustes disparaissent, la mousse la remplace.
J’avance encore un peu et j’aperçois maintenant Morsárjökull… qui commence à être cerné par la brume…
Je regarde la carte : mouais… On dirait que la langue glacière a bien reculé depuis ! Il doit y avoir un petit lac au pied… Je continue ma route mais je décide peu de temps après de faire demi-tour : la brume s’installe pour de bon en haut des montagnes et quelques gouttes commencent à tomber. Aller au bout pour me retrouver face à une vue bouchée, non merci.
Je repars en sens inverse. Un peu plus loin, je décide de ne pas prendre le même chemin qu’à l’aller. Je bifurque sur la droite et traverse la rivière.
J’ai décidé de rester dans la vallée et de rentrer au camping en suivant le chemin qui longe la rivière. Je me retrouve dans un paysage noir et désertique, une fois de plus… Pendant un instant, j’ai l’impression de remonter le temps et de me retrouver à nouveau loin de tout.
Heureusement, sur ma gauche, la montagne recouverte de végétation et la rivière qui coule au pied amènent un peu de vie.
Retour au camping. Je pose mes affaires et passe à l’accueil pour aller voir s’il est possible de faire de l’escalade sur glace demain. Je n’en ai jamais fait et je suis plutôt motivée pour tenter l’expérience. Devant l’une des cabanes de guide, un panneau indique qu’il y a des départs tous les jours. Je rentre. Les mecs s’affairent, j’ai l’impression de déranger… L’un d’eux me demandent s’il peut me renseigner. Je lui demande si un départ pour l’escalade sur glace est prévu le lendemain. Il demande au mec qui est à l’accueil. Non, répond-il sans même lever les yeux. Ok, tant pis, ce ne sera pas pour cette fois. J’espère pour eux que je suis tombée au mauvais moment et qu’ils sont un peu plus accueillants et souriants d’habitude. Donc demain, j’irai marcher, comme prévu initialement.
Retour à la tente. J’ai reçu un sms d’Edwige : elle a bouclé le laugavegur en 2 jours !! Ça rigole pas ! Elle prend le bus demain pour Reykjavík. Je lui réponds : je prendrai le bus Strætó le 30, ce qui me permettra d’arriver à Reykjavík en début d’après-midi.
Je passe prendre une douche. J’avais naïvement imaginé qu’avec ce système de carte, on pouvait utiliser seulement une partie des 5 minutes d’eau chaude disponibles. Raté. Une fois le crédit activé, il faut aller jusqu’au bout et le compteur ne s’arrête pas quand on ferme l’eau. L’avantage, c’est qu’on ne fait pas longtemps la queue aux douches quand elles sont toutes occupées ! Je profite donc de l’eau chaude jusqu’au bout.
Soirée tranquille à la tente. Le ciel s’est dégagé et il fait beau à nouveau. De bon augure pour demain ?