Ce matin, le bonheur en ouvrant la tente : ciel bleu et soleil ! On voit les montagnes aux alentours, les falaises, le col que nous devons passer : tout est dégagé.
Rituel du matin : petit déjeuner, rangement de la tente et des sacs. On charge les mules et nous partons. Nous commençons par passer une petite rivière à gué au pied d’Alfsfell histoire de se réveiller.
Nous longeons ensuite toute la côte, en direction du col. Cette fois, pas de chemin marqué. A nous de le créer au fur et à mesure.
Autour de nous, le spectacle est magnifique : enfin une vue dégagée pour se rendre compte de la beauté des lieux. De grandes falaises vertes et parfois quelques touches de neige… Quelque névés…
La montée est un peu raide et le terrain pénible : nous avançons dans l’herbe et les pieds de myrtilles au milieu desquels se cachent parfois de gros trous. L’impression qu’il faut faire trois fois plus de pas pour avancer avec parfois la mauvaise surprise de s’enfoncer dans le sol. Rapidement, nous préférons marcher sur les étendues de rochers : au moins, pas de surprise quand on pose les pieds.
La montée est une succession de terrasses. Cela permet de faire des pauses mais on n’est jamais vraiment arrivé. Chacune avance à son rythme. Le groupe s’égraine un peu au fil des terrasses.
Arrivée au col. Et récompense. Vue imprenable sur la vallée et les falaises. C’est à ce moment qu’on se dit que cela valait vraiment le coup d’en ch… C’est souvent ça l’Islande…
Nous restons quelques instants pour reprendre notre souffle et admirer le spectacle.
Plus bas, quelques piquets semblent indiquer la suite du chemin. Un peu éparses mais on dirait qu’ils mènent bien au col suivant.
Descente un peu raide. Les cailloux roulent un peu sous les pieds, merci les bâtons. Ceci dit, après la descente de Narsaq, je crois que tout devient possible ou presque !
Nous avançons encore un peu et décidons de nous arrêter pour déjeuner. Nous sommes au milieu de rochers, au soleil. Juste un peu de vent. C’est aussi ça l’Islande.
Nous repartons vers le col de Þorleifsskarð. Toujours des piquets pour indiquer le chemin, ça aide. Nous progressons au travers des rochers mais la montée est assez courte. Elle sera moins pénible et usante que celle de ce matin.
Nous voici en haut du col. Il va falloir descendre de l’autre coté. Et là, c’est coton ! Il faut d’abord passer une barre rocheuse. Ensuite, non seulement c’est raide mais en plus nous sommes dans un éboulis. Ça donne ça pour le terrain :
Et ça pour la pente…
Les marches sont un peu hautes… Je m’assoie plus d’une fois pour les descendre. Dans l’autre sens, deux mecs remontent cette même pente et je n’aimerais vraiment pas être à leur place ! Ils me font signe, je leur réponds. Bonne route !
Nous nous retrouvons maintenant dans une grande étendue de rochers et d’éboulis. Au loin, quelques lacs mais surtout Fljótsvatn, notre point de chute.
La traversée est pénible. Sans cesse être vigilant dans les éboulis pour ne pas (trop) se tordre les chevilles. C’est fatigant à la longue. Surtout que la distance à parcourir est longue elle aussi. Je commence à avoir hâte d’arriver.
Après les rochers, l’herbe. On pourrait croire que c’est plus sympa mais finalement non. Encore une jolie pente bien pénible, sans compter les éternels trous et bosses communs à ce genre de terrain en Islande. Par moment, un semblant de sentier recouvert de gravillons. Bien casse-gueule. Je manque de tomber sur les fesses plus d’une fois, Christine tombera plus d’une fois.
On enchaine les terrains difficiles depuis ce matin et tout le monde commence à fatiguer sérieusement. Je savais que ce serait l’étape la plus dure (car aussi la plus longue) mais pas à ce point.
S’en est fini de la descente. Dernière ligne droite avant d’arriver au lac. Il nous reste une rivière à franchir. Trop haute pour passer en chaussures, il faudra mettre les sandales. Après une journée pareil, je m’en serais bien passé… J’en profite aussi pour faire le plein d’eau. On devrait en trouver après mais je ne suis pas certaine à 100%.
Nous devons encore longer le lac. Dans l’herbe. Le terrain est parfois très humide voire marécageux. Cette fois, ça devient long. Très long. Trop long, j’aimerais me poser.
Nous arrivons enfin près de la rivière et de la cascade. C’est l’endroit que j’avais repéré sur la carte pour planter la tente. Et ça a l’air nickel. Il y a justement un coin d’herbe, non marécageux et sans bosses. Près à nous accueillir.
Ce soir, nous monterons le camp ici. Première chose pour tout le monde : virer les pompes et se poser, enfin. Tout le monde s’étend au soleil. Au milieu d’un paysage paradisiaque.
Nous montons ensuite les tentes pour la nuit. En cercle. On devrait être bien là.
Une fois le camp en place, opération myrtilles. Nous allons en ramasser quelques unes pour le dessert de ce soir. En 10 minutes, c’est fait : il y en a partout autour de nous.
La soirée s’écoule ensuite tranquillement. Chacune flemmarde dans son coin, lit, écrit. Puis vient le moment de diner.
Endroit paisible. Ça fait du bien après la journée qu’on vient de passer. Le soleil commence à se coucher. Le ciel et les montagnes se teintent en rose.
On est vraiment bien, on savoure. Arrêter le temps, ici, là, maintenant.