0h48. Un bruit d’enfer. Un grondement sourd, des lumières, du vent. L’hélicoptère des secours. La piste d’atterrissage est juste à coté du camping et il peut atterrir et décoller à tout moment de la journée. Un panneau dans le camping nous avait prévenu. C’est quand même impressionnant. J’ai l’impression qu’il est au pied de ma tente. Le bruit se calme mais ne s’arrête pas et il reprend de plus belle quelques minutes plus tard. Il s’éloigne. Il s’arrête. Je me rendors.
7h30, le vrai réveil. Routine du matin : douche, petit déjeuner et préparation des sandwichs pour le midi.
Départ pour aller prendre le bus. Nous passons d’abord au information center pour vérifier les horaires du bateau pour l’île de Mousa où nous souhaitons nous rendre aujourd’hui. Et aussi récupérer les adresses des Böds, ces anciennes maisons de pêcheurs transformées en habitations. Nous en avons loué pour la suite de notre séjour. J’ai bien pensé à appeler la gardienne ce matin pour la prévenir de notre arrivée mais j’ai oublié de prendre les adresses avant de partir de France ! Bon, ceci dit, quand on voit la taille des îles et des de villes ici, cela ne devrait pas être trop dur à trouver.
Pour le bateau, c’est confirmé : un seul départ à 13h. Direction la Viking Station pour aller prendre notre bus. J’en profite pour me renseigner sur les consignes. On risque d’avoir besoin de laisser des affaires à Lerwick la semaine prochaine quand on se déplacera en bus. Un vieux monsieur me renseigne : je peux laisser un sac ici mais si c’est pour plusieurs jours, il vaut mieux le laisser à l’intérieur de leur bureau plutôt que dans un casier dans la salle d’attente.
Nous sortons pour profiter du soleil en attendant le bus. Aujourd’hui, il fait beau et chaud.
Le vieux monsieur sort et se dirige vers le bus qui est stationné sur le parking. C’est donc notre chauffeur. Il boite un peu quand même… Nous montons dans le bus. Je lui demande deux tickets pour Sandwick. J’essaie de le prononcer à la Shetlandaise. Enfin, je ne sais pas trop comment le prononcer. Pour tout dire, quand je suis arrivée, je me suis demandée pourquoi il y avait tant de russes ici avant de comprendre qu’il s’agissait de shetlandais, qui parlaient anglais avec leur accent… Bref ! Mes efforts de prononciation n’ont pas l’air de marcher : il fronce les sourcils et ne semble pas comprendre… O-K ! Je vais à Mousa. Et cette fois, ça marche. Je lui demande de nous prévenir quand nous arriverons à l’arrêt, ce à quoi il me répond en souriant : ‘Ok, je vais essayer de m’en souvenir !’ Il nous fait aussi remarquer que le bateau n’est qu’à 13h et que nous allons arriver très en avance. Il nous propose donc de descendre d’abord à Hoswick où il y a un information center où l’on peut prendre un café. Oui, bonne idée. Mais comment aller prendre le bateau pour Mousa ensuite ??? ‘Pas besoin de courir pour y aller : je repasse au croisement à 12h30. Donc revenez ici et je vous déposerai ensuite au bon endroit pour prendre le bateau.’ Alors : ça a l’air simple comme ça… sauf que le bonhomme a un accent à couper au couteau et que je ne suis pas certaine d’avoir bien tout compris…
Nous nous installons dans le bus. Arrivé à Hoswick, le chauffeur ralentit et s’arrête à un croisement. Ce n’est pas du tout un arrêt officiel mais peu importe. Il nous répète ce qu’il a dit tout à l’heure et en voyant nos têtes (genre je me concentre pour bien comprendre mais je reste quand même un peu dubitative), il dit à une voyageuse qui va aussi à Mousa et qui descend en même temps que nous : ‘Prenez soin des touristes et ramenez-les ici à 12h30 !’ Bien, bien…
Nous partons en direction de ce fameux information center et discutons avec la voyageuse : elle s’appelle Deborah et vient d’Australie. Mais elle est originaire de Bristol. Elle nous avoue qu’elle aussi a parfois du mal à comprendre les shetlandais avec leur accent. Ça me rassure un peu…
Arrivée au information center. Un panneau souhaite la bienvenue aux visiteurs dans toutes les langues.
Nous entrons et commençons par faire le tour du petit musée : une collection de postes de radio et d’appareils photos mais aussi des métiers à tisser, de vielles photos et des panneaux racontant l’histoire de la région, des pêcheurs à la baleine, etc.
Nous prenons un café. J’achète aussi quelques cartes postales.
Nous repartons prendre le bus. Passage par le bord de mer pour tremper les mains dans l’eau, un peu fraiche ma foi.
Nous voici de retour au croisement. Nous attendons quelques minutes… et notre chauffeur de bus arrive. Nous montons et il nous dépose peu de temps après en haut d’une route. C’est l’endroit le plus près pour aller prendre le bateau pour Mousa. Remerciement, descente du bus. Nous descendons la route et arrivons à l’embarcadère. Déjà plusieurs personnes attendent. Beaucoup de gens, trop pour un seul voyage. Le bateau sera obligé de faire deux allers-retours au lieu d’un seul. Nous trouvons quand même une place dans le premier.
Nous arrivons sur l’île de Mousa, le bateau repart.
Nous avons prévu de faire le tour de la petite île mais nous décidons de ne pas commencer par le Broch : c’est là que tout le monde va aller en premier. Nous partons donc dans l’autre sens.
Nous longeons la côte, penons notre temps et nous arrêtons régulièrement. Très vite, nous apercevons des phoques dans l’eau. Une petite tête de chien qui dépasse. Ils sont curieux, n’hésitent pas à suivre la côte et à s’approcher pour nous observer. Qui est le spectacle de l’un et l’autre ? Eux pour nous ? Nous pour eux ?
Il y a aussi beaucoup de cormorans.
Des huitriers pie…
Et aussi quelques fous de bassan dans les airs, au loin… Trop loin…
Nous pique-niquons au bord de la falaise, face à la mer. Un phoque est là, en bas et nous observera durant tout notre repas.
Nous repartons et arrivons près d’une retenue d’eau où une colonie de phoques bronze sur la plage. Interdit de s’approcher, la zone est protégée pour que les phoques puissent venir sans être inquiétés.
Nous continuons notre route et arrivons à proximité du Broch. Le seul qui est encore entier.
Nous entrons à l’intérieur. A l’entrée, j’attrape une lampe torche, pour pouvoir aller dans tous les recoins, toutes les petites pièces.
Un escalier est encore en état et permet de monter tout en haut de la tour. Oui, mais voilà l’escalier ! Tout tordu et alors ? Ils chaussaient du 28 à cette époque ??? Je suis obligée de mettre les pieds en travers pour être à peu près stable. Heureusement aussi qu’il y a une main courante en fer…
En haut, très jolie vue sur la mer…
Je fais le tour mais certaines pierres bougent sous mes pieds… Pas super rassurant…
Je redescends. En bas, je donne ma lampe torche à un mec qui veut aussi s’aventurer dans les recoins du Broch.
Dehors, des guillemots ont élu domicile dans les murs du Broch.
Il est beau ce mur… Elle sont belles ces pierres…
Retour au bateau et traversée vers Sandwick. A côté de nous, un guide anglais mange une espèce de filet de poisson séché ou frit, je ne sais pas trop… Ça ne donne pas envie en tout cas… ‘C’est bon’, se sent-il obligé de préciser à l’adolescent qui est assis à côté de lui et qui regarde son filet de poisson de travers… Peut-être mais ça ne donne pas envie…
Retour en bus à Lerwick. Nous restons un peu en ville pour aller prendre un café avec Deborah. Nous avons finalement passé la journée avec elle et c’était très sympa.
Nous repassons ensuite au information center pour prendre les horaires de bus pour les îles de Fetlar et Whalsay. La femme nous explique, j’écoute d’une oreille seulement et on ne comprend pas grand chose au final… Nous prenons les feuilles, on verra ça à tête reposée.
Nous quittons Deborah ici. Elle repart dans quelques jours pour Bristol avant de repartir pour l’Australie vers le 18 août. La croisera-t-on à l’aéroport de Londres ?
Retour au camping et préparation du diner. Et ce soir, c’est full midges !!!! Saloperies de bestioles qui se sont invitées !! Des nuages tout autour de nous. Je comprend le proverbe : ’Un midge tué, cent qui viennent aux funérailles’. Je sens que je suis en train de me faire bouffer. J’en ai partout, même dans les cheveux. Un midge tombe dans ma soupe. Puis dans mon assiette. L’enfer, on laisse tomber. Le diner est écourté, chacune rentre dans sa tente où il faudra faire la chasse aux midges pour éviter de se faire bouffer pendant la nuit.
Demain, on récupère la voiture et on part en direction du nord. Cette fois, nous serons dans un Camping Böd… sans midges.