Cinquième étape de la traversée (19 km)
Ascension : 849 m / Descente : 859 m
Aujourd’hui au programme : longer la côte pendant, grimper un peu dans les montagnes puis redescendre pour arriver à Nusfjord. Ça promet d’être une belle étape…
Nous partons Edwige et moi, alors qu’André reste encore un peu au bivouac, le temps de ranger ses affaires.
Nous remontons un peu et direction la côte. Le chemin, c’est par là !
Nous croisons rapidement un groupe de maisons sur le chemin. C’est toujours surprenant pour nous, même si ça ne l’est pas en Norvège, de voir des maisons construites dans des endroits complètement isolés et loin de tout. Pas une route pour y accéder… Passe la barrière, suit le chemin et tu arrives à la maison… Enjoy 🙂
Coté météo, pour le moment, le ciel est couvert mais il ne fait pas froid du tout : on laisse tomber vite les polaires et on marche en t-shirt.
Nous rencontrons rapidement un ruisseau où pouvons faire le plein d’eau. Il tombe vraiment à pic car depuis hier soir, nous rationnons. Ce matin, je n’ai quasiment plus d’eau et je commence à avoir sérieusement soif. L’eau est claire mais elle ne coule pas beaucoup. Et comme il y a quelques moutons dans les parages, je préfère jouer la sécurité et ajouter une pastille de micropure.
Je suis un peu surprise quand même : chaque jour l’eau est un vrai sujet, nous devons être vigilantes car les rivières indiquées sur la carte ne coulent pas toujours à flot. Je ne pensais vraiment pas avoir ce genre de problème aux Lofoten. L’année dernière, plus au sud de la Norvège, nous trouvions toujours des rivières bien fournies.
Le paysage est vraiment magnifique aujourd’hui, c’est un vrai régal. Entre la côte et les montagnes qui se dressent en face, nous en prenons plein les yeux.
Un peu plus loin, nous délogeons un petit groupe de moutons qui dormaient tranquillement sur le sentier. Ils continuerons un moment à marcher sur le chemin, devant nous… avant enfin de s’écarter pour nous laisser passer.
Peu de temps après, nous arrivons à proximité d’un nouveau groupe de maison. Tout est fermé, il s’agit certainement encore de résidences secondaires. L’une d’entre elle est assez design avec ses grandes baies vitrées.
En face, contraste : on retrouve les habituelles toilettes au fond du jardin… Il ne faudrait pas trop de modernité quand même !
Le terrain tout autour de la maison est aussi criblé de crottes de mouton : dur dur de les éviter tellement il y en a partout… Et en avançant encore un peu, nous rencontrons les fautifs. Un beau troupeau de moutons qui se balade un peu partout. Un bon gros troupeau, avec brebis et petits. Ça bêle de partout sur notre passage et une brebis s’approchera même très près de nous pour se tenir entre nous et son petit. Nous, nous essayons au maximum de ne pas les déranger, de marcher doucement pour ne pas les brusquer. Mais il y en a vraiment partout, c’est mission impossible !!
Nous nous arrêtons un peu plus loin pour grignoter un morceau. Un groupe de français arrive de la côte et s’arrête pour discuter avec nous. Là encore, nos gros sacs les intriguent et ils nous questionnent sur notre voyage. Nous leur racontons notre périple, ils trouvent cela génial… mais dur !! Eux voyagent en bateau le long de la côte. Un skipper norvégien les fait voyager sur son voilier et ils s’arrêtent de temps en temps pour se promener un peu sur la côte.
Nous parlons aussi météo, forcément : c’est LE sujet des Lofoten : alors ? pleuvra, pleuvra pas ? Ils nous disent qu’à priori, cela devrait se maintenir dans les jours à venir… Let’s see!
Alors que nous discutons, André arrive à nous rejoins. Il a bien marché et n’a pas tardé à nous rattraper. Nous quittons le groupe de français et continuons notre route tous les trois. Cette fois, nous suivons un chemin marqué avec des « T ». Il s’agit donc d’un chemin DNT. Cela signifie surtout qu’il y aura des marques régulièrement et que s’il y a des passages difficiles, ils seront équipés. Plutôt rassurant…
Nous longeons la côte encore un moment sans vraiment monter, jusqu’à arriver à de très hauts rochers tout au bord de la côte. Un chemin semble continuer tout droit mais il n’est pas évident. André est un peu devant nous et il a continué dans cette direction. Nous, nous avons un doute… Pas de marques « T », c’est étrange… De plus, le passage est très escarpé et passe au travers de bouleaux… Nous revenons un peu en arrière et nous retrouvons les marques : elles ne se dirigent pas vers la côte mais elles montent dans la montagne. Et visiblement, ce sera encore un passage où il va falloir escalader… Bref, quand faut y aller, faut y aller ! Nous commençons à grimper. Ce sont de belles marches mais le sol est très humide. Il faut rester vigilant, surtout avec ces sacs qui nous tirent vers l’arrière… Nous n’avons pas rangé nos bâtons pour monter. Erreur : ils vont nous gêner pendant toute la montée. Du moins en ce qui me concerne. Ça glisse un peu, il y a pas mal de terre mouillée. On en a plein les mains. Tout à coup, une pierre se dérobe sous mon pied… Petite montée d’adrénaline, je ne fais pas la fière… Heureusement qu’il ne pleut pas, je ne sais pas comment nous serions montées !
Nous voici en haut. Nous profitons de la vue sur la côte. Un peu plus bas, le bateau du groupe de français.
Le chemin continue un peu en haut de la montagne, passants de dalles en dalles. Mais il redescend rapidement. Cette montée n’était vraiment là que pour nous éviter le passage un peu tendu le long de la côte.
La descente s’avère elle aussi un peu raide mais en prenant son temps et en faisant attention, ça passe assez bien. Plus bas, nous apercevons André qui arrive de la côte. Le chemin a été très délicat pour lui : des passages avec des cordes, certes, mais où un baudrier et une corde auraient été bienvenues. Apparemment, il s’est fait quelques frayeurs mais impossible de faire demi-tour : il fallait qu’il avance. Et c’est passé…
Nous reprenons la route à trois mais très vite, André nous devance à nouveau. Nous le voyons au loin, apparaître et disparaitre entre les montagnes.
Nous nous arrêtons pour déjeuner au bord d’un lac avant de continuer dans la montagne. De grandes dalles à nouveau, sèches, heureusement, et pas trop pentues, qui surplombent un très grand lac. Les montagnes se reflètent dedans, c’est superbe. Il a aussi l’air assez profond…
En face, au loin, un petit village niché le long de la côte. On est bien ici…
Le passage suivant nous fera passer par une forêt de bouleaux. Le sentier est plutôt bien marqué donc ce n’est pas aussi pénible que les fois précédentes.
En tout cas, cette étape est vraiment très sympa : depuis ce matin, nous sommes passées par des paysages très variés, tous plus beaux les uns que les autres.
Un dernier lac…
… et nous arrivons au-dessus de Flakstadpollen. En face, les montagnes ont l’air impressionnantes mais des nuages, bien accrochés sur les sommets nous empêchent de les voir entièrement. Pourtant, nous restons quelques instants à regarder le spectacle.
Nous descendons ensuite, jusqu’à arriver à la route. Descente un peu gadouilleuse et donc glissante par endroit. Un couple de norvégien monte avec leur chien, tout blanc. Pour combien de temps ?
A peine arrivées à la route, nous bifurquons sur un chemin qui part à droite dans une forêt de sapins. Une autre ambiance.
Ça monte encore un peu… Courage, c’est la dernière ligne droite. En sortant de la forêt, nous traversons encore quelques dalles en surplomb du grand lac Storvatnet, derrière lequel nous apercevons le fjord où est niché Nusfjord. Notre destination finale.
Par contre, le ciel se charge de plus en plus et les nuages deviennent menaçants…
Nous redescendons vers la route que nous devrons longer jusqu’au village. Pas d’autre chemin possible. Elle n’est pas très large mais est assez fréquentée : Nusfjord est un ancien village de pêcheur transformé en village touristique, avec pas mal de rorbuers. Une étape incontournable pour la plupart des touristes. Nous restons donc prudentes, n’hésitant pas à marcher sur les bas-côtés lorsque les passages nous paraissent un peu risqués, notamment dans les virages. Et nous allons en enchainer quelques uns.
Cette fois, la pluie a fait son apparition. D’abord une belle averse, puis quelques gouttes, puis cela s’arrête. Espérons que ça se maintienne jusqu’à ce que nous ayons monté les tentes !
Un dernier virage et nous arrivons aux premières maisons de Nusfjord.
Les premiers rorbuers du village, anciennes cabanes de pêcheurs aux couleurs rouge typique des Lofoten.
Nous allons jusqu’au centre d’information où nous pouvons remplir nos gourdes dans les toilettes. Pas de micropure ce soir et donc pas de goût d’eau de javel. Yes!!! J’en profite pour me laver les mains, pleines de boue, et pour me passer un coup d’eau sur la figure. Ça fait du bien… Je meurs d’envie de me laves les cheveux dans le lavabo… Mais non…
Je rentre acheter quelques cartes postales et je ressors. Il a recommencé à pleuvoir et ça tombe vraiment bien cette fois ! Nous décidons d’aller dans le village pour nous poser dans un café et prendre un verre. Oui, mais pour cela, il faut payer. Oui,oui, l’accès au village est payant jusque 18h, village musée oblige. Faire payer les gens pour qu’ils aillent consommer, c’est très fort, même si on ne parle que de 50 NOK (environ 6€). Mais finalement, nous y échapperons. Il est presque 18h et la gardienne ferme. Elle nous laisse donc passer sans payer.
Nous voici parties à la recherche d’un café. Il y en a deux dans le village. Le premier, Oriana, n’ouvre qu’à 20h.
Le second se transforme en restaurant à partir de 17h. Il est 18h donc pas de verre chez Katherine non plus. Bref, nous voici bien démunies… Sauf qu’il y a une petite épicerie…
Horriblement chère, certes, mais nous y passons quand même acheter des bières : nous aurons notre apéro ce soir !
J’attends Edwige dehors. En bas de l’épicerie quelques têtes de poissons qui sèchent. Ça ne donne pas envie de s’abriter même si la pluie tombe toujours fort.
Nous traversons ensuite le village en passant par le port où d’autre tête de poissons sèchent que les barrières.
En face, quelques oiseaux nichent dans la falaise. Ce sont les premiers que je vois depuis notre arrivée ! Jusqu’à maintenant, les falaises étaient bien vides.
Un peu plus loin, des séchoirs à poissons… vides…
Nous sortons du village et nous devrions trouver un endroit pour bivouaquer dans les parages. Oui, mais il pleut toujours des cordes et on commence à être bien trempées… Du coup, ce n’est vraiment pas évident de trouver un endroit car le sol n’est pas gorgé d’eau. Nous tournons un peu, revenons finalement sur nos pas. Il y a un endroit un peu dégagé près d’une forêt de sapins. Des creux des bosses, de la mousse pleine d’eau mais aussi un espace avec de l’herbe. Et un autre petit emplacement sous les sapins pour la tente d’Edwige. C’est un peu chaotique mais là, nous sommes vraiment trempées donc il faut planter les tentes. Tant bien que mal, nous nous installons. La pluie ne cesse pas du tout… Les sacs sont aussi trempés… Je rentre tout et j’essaie tant bien que mal d’aménager la tente sans tout mouiller. Peine perdue. J’essaie au moins de limiter les dégâts. Avec tout ça, l’apéro convivial tombe à l’eau (c’est le cas de le dire) : chacune boit sa bière dans sa tente. Dommage, mais dehors, la pluie n’a vraiment pas décidé de s’arrêter. Il ne reste plus qu’à se coucher et à croiser les doigts pour cela cesse d’ici demain matin.
Encore 20 km. Et nous serons à Ramberg. Sous la douche et non sous la pluie.