Deuxième étape de la traversée : Kleppstad > Krenggarsvatnet (Part one) (14 km)
Ascension : 829 m / Descente : 578 m
Avant de partir en trek, nous avions préparé notre voyage en étudiant les cartes, en fouillant sur le net pour trouver des infos, des retours d’expériences, en parlant avec des personnes qui y étaient allées… A partir de cette mine d’informations, nous avions pu nous faire une idée plus précise de ce qui nous attendait. Mais le terrain et les conditions, quoi qu’il arrive, réservent toujours des surprises…
17 juillet. Une averse, juste avant la sonnerie du GPS. Elle s’arrête rapidement heureusement. Nous rassemblons nos affaires et bouclons nos sacs, avant d’aller au bord de la route, sur le parking qui est en face de l’aire de pique-nique. Nous allons tenter le stop pour éviter d’attendre le bus de 11h40. Nous voulons au moins traverser les deux ponts et l’île jusque Sundklakk 14 km à l’étape… Voire aller jusqu’à notre point de départ de trek, un peu plus au sud le long de la côte, à Virkjorden. Car 14 km en plus, ici, ce n’est pas rien…
Nous voici au bord de la route. Nous levons le pouce, regardons les voitures passer devant nous ou bifurquer sur le parking de l’aire de pique-nique. Pendant un moment, nous nous demandons même si nous sommes du bon côté de la route. Finalement, nous n’allons pas attendre très longtemps : nous voyons une voiture sortir du virage et mettre son clignotant très tôt. Clignotant de notre côté. Il le met si tôt que nous avons d’abord du mal à y croire. Mais si, c’est bien vrai : la voiture se gare sur le parking. Moi, je suis bluffée : le stop, ça n’a jamais marché avec moi.
Notre bon samaritain est belge… Tiens tiens… Pour lui, c’est la fin de son séjour. Il est passé par Stavanger, Oslo, Bergen… et repart demain pour Trondheim. Il trouve sympa de prendre des gens en stop, juste pour rencontrer de nouvelles personnes, discuter un peu… Oui, mais ça devient tellement rare.
Il nous déposera un peu plus loin que Sundklakk ; 1 km plus loin dans la direction de notre trek. Nous n’échapperons quand même pas aux 6 derniers kms de route pour aller au point de départ mais on ne s’en sort pas si mal que cela. Avant de repartir, il nous montre une photo qu’il a prise hier soir : celle d’un élan, prise à proximité de Kleppstad. Là où nous avons bivouaqué… et rien vu !
Il continue sa route, nous reprenons la nôtre. Ce fut court mais sympathique. Avant de partir, nous jetons un coup d’œil à la côte en face, celle où nous avons passé la nuit.
Nous suivons la route 815. C’est long et vraiment pas agréable. Le bitume, il n’y a rien de pire pour les pieds. Et cette petite route s’avère bien plus passagère que ce qu’on avait imaginé. Nous devons nous mettre sur le côté plus d’une fois. Heureusement, la côte est vraiment belle…
Nous arrivons (enfin) au point de départ de notre trek. Il se situe au détour d’une maison jaune pâle, un restaurant, chez « Rebecca », ouvert uniquement le dimanche. Voici donc notre repère.
Nous tournons à droite à l’angle alors que nous sommes déjà bien entamées par cette marche sur le bitume. Ce n’est aussi que le 2ème jour de portage. Je ne me suis pas encore habituée au poids du sac et je n’ai pas trouvé mon rythme. Par contre, j’ai accroché ma tente en bas de mon sac : fini les douleurs aux cervicales !
Face à nous, les montagnes qui vont jalonner notre chemin…
A peine avons-nous tourné sur le chemin que commence la montée. Dans les bouleaux d’abord. Tiens, ça nous manquait.
Quelques lacs se succèdent sur notre route, avec parfois quelques gros blocs de pierres au bord.
Nous les enjambons, tout en restant concentrées pour garder notre équilibre. Un courlis s’envole devant nous et nous accompagnera un moment, en volant et en couinant autour de nous. Puis nous attaquons une belle montée dans les bouleaux. Nous slalomons entre les arbres, les creux, les bosses. Et je chute. Bêtement, en accrochant mon sac à un bouleau. Satané bouleau ! Me voici à terre, de nouveau coincée à cause de mon sac. Edwige vient m’aider à me relever car cette fois, je suis bien incapable de détacher ma ventrale. Deuxième jour, deuxième chute. Ça promet…
Première pause à 332m, avant de de continuer vers les 540m, le sommet final. Ou plutôt, la crête finale. Car c’est une crête que nous allons devoir suivre. Nous l’observons d’ailleurs depuis un petit moment, nous la voyons bien venir…
Cette première montée a déjà été dure. La route m’a vraiment bien crevée. Et alors que nous faisons notre pause, nous voyons la brume recouvrir les sommets. Ils apparaissent et disparaissent.
Moment d’hésitation… C’est une crête que nous allons suivre quand même, ce serait bien de voir à plus de quelques mètres. Alors ? On y va ? On attend ? Il faut prendre une décision, vite. Ok : nous allons avancer sur quelques mètres et on s’arrêtera si vraiment cela devient limite. De loin, elle n’a pas l’air si étroite cette crête ?
Sauf qu’il commence à pleuvoir. Une belle averse ! A cela s’ajoute le vent qui souffle en bourrasque. Je sens qu’il va vraiment être sympa ce passage.
Nous y sommes ! Sur la crête… Derrière, ça s’est un peu dégagé.
Maintenant que nous sommes dessus : elle n’est pas si large que ça cette crête ! Besseggen l’année dernière ? Rien à voir ! Ceci dit, sans le sac qui nous déséquilibre et sans le vent, ce ne serait pas si dur. Je fais attention à chaque pas. L’un après l’autre, en stoppant quand les rafales de vent sont un peu trop fortes à mon goût. Je suis hyper concentrée ! Je ne l’ai jamais autant été. Petit à petit, nous gagnons du terrain et nous arrivons sur un grand plateau. Terminée la crête ! Dommage qu’il y ait eu ce vent et cette brume : la vue devait vraiment valoir le coup. Là, je n’ai vu que la pente abrupte de chaque côté.
Nous traversons le plateau et dérangeons au passage une maman lagopède et ses petits. Aïe, aïe, aïe ! Ça court dans tous les sens !
Puis vient la descente qui est en fait le passage le moins drôle.
Herbe, trous, mousse et jolie pente. Pfff… et re-pfff… En bas, nous regardons l’heure : 14H50. Donc nous décidons deux choses : premièrement, nous allons nous arrêter pour déjeuner. Et deuxièmement, cette fois, c’est sûr, nous allons couper l’étape en deux car, par rapport à la carte, nous en sommes… à peine à la moitié ! Foutue route goudronnée qui nous a coupé les jambes !
Pour le moment, nous mangeons un morceau, face à la mer. Ça fait du bien après cette crête. Je dévore, je suis affamée ! Nous en profitons aussi pour repérer sur la carte un endroit pour bivouaquer. Chercher un point d’eau avant tout car nous avons déjà bien entamé notre stock. Nous repérons un petit lac. Il fera l’affaire.
Nous reprenons la route, au travers l’herbe et les bouleaux. Nous croisons un marcheur et discutons un peu avec lui. En anglais, mais nous le soupçonnons fortement d’être français, étant donné son accent… Mais nous jouons le jeu jusqu’au bout.
Puis nous arrivons près des lacs que nous avions repérés sur la carte. Un grand et un petit, l’un à côté de l’autre.
Nous regardons un peu autour de nous, pour trouver le meilleur endroit où planter nos tentes. Idéalement, à l’abri du vent qui souffle toujours assez fort. Mais pas dans un creux non plus, pour éviter l’effet piscine en cas de pluie.
Nous choisissons finalement de nous installer près du petit lac.
Nous plantons les tentes, derrière des rochers. Ça souffle bien quand même… Et pour couronner le tout, il commence à pleuvoir. Nous accélérons la cadence, histoire de pouvoir se mettre à l’abri rapidement. Ouf… gagné. Les tentes sont montées avant la grosse averse. Par contre, tout est quand même humide dans mon sac et j’ai un peu de mal à me réchauffer.
Toute la soirée, les averses vont s’enchainer et le vent va souffler par bourrasque. Le sol est bon, les piquets sont bien enfoncés mais nous préférons quand même assure le coup en mettant des pierres dessus.
La météo n’aidant pas, nous restons chacune dans nos tentes et cuisinons donc chacune de notre côté. Nous commentons quand même notre repas, histoire de ne pas avoir complètement l’impression d’être seules au milieu de rien.
Dehors, ça souffle de plus en plus, les rafales s’intensifient. Chez moi, tout va bien : la tente est bien ancrée et ne bouge pas beaucoup. Chez ma voisine, c’est différent : la tente s’affaisse sur le fond, à chaque rafale. Est-ce qu’elle va tenir ? Angoisse… La nuit promet d’être agitée.
Toute la nuit, le vent va souffler et les averses s’enchainer. Enfin, averses… : des seaux d’eau, oui !
Pour le moment, je n’espère qu’une chose : que la pluie cesse d’ici demain matin, avant de replier les tentes. Peu importe quelles soient sèches ou pas : demain, nous devrions passer la nuit dans une hutte au bord d’un lac. Ce sera l’occasion de tout faire sécher, avant de repartir.