Première étape de notre traversée : Svolvær > Kleppstad (19 km)
Ascension : 717 m / Descente : 721 m
L’aventure commence à partir du moment où c’est le GPS qui te sert de réveil et non pas ton téléphone. Terminé le portable, le voici relayé à son rôle primaire : un simple accessoire permettant d’appeler en cas de problème.
Nous avions visé un départ à 8h30 et nous sommes dans les temps.
Coté météo, elle est plutôt clémente pour le moment : le soleil alterne avec les nuages.
Nous commençons par suivre la route qui longe un premier lac puis un second. La route se transforme vite en chemin. Tout est tellement paisible ici… Sur notre droite, les montagnes abruptes se dressent au-dessus de nous. Elles ne sont pas très hautes mais tout de même impressionnantes car très escarpées.
Le chemin se rétrécit encore un peu et nous entrons dans la forêt. A partir de là, la trace est marquée (marques rouges) et par endroit, des planches permettent d’éviter des passages un peu trop humides.
La forêt est belle, nous profitons des bonnes odeurs. Nous croisons quelques petites maisons rouges, nichées au bord du lac.
Nous avançons plutôt bien, même si me concernant, mon sac est vraiment lourd. Je ne sais pas exactement combien il pèse mais je pense que ça tourne autour des 17 kg. Il va me falloir encore 1 ou 2 jours pour me faire au poids sur les épaules et pour l’oublier un peu.
Nous arrivons près d’une maison. Un panneau indique la direction de « Smatindan ».
C’est celle que nous devons suivre, nous bifurquons à droite.
Et c’est là que commencent les choses sérieuses avec le début de la montée. Ça monte déjà bien raide mais un passage un peu plus loin devrait l’être encore plus, si on en croit les courbes de niveau de la carte.
Trouver son rythme et penser à la vue qui nous attend en haut…
Premier palier, première pause : ici déjà, la vue vaut le coup d’œil. Nous en profitons un moment, le temps de grignoter quelques fruits secs.
Nous repartons. Cette fois, on attaque LE passage raide. Nous passons d’abord au milieu des bouleaux. Les marches sont hautes, le terrain boueux et parfois glissant. Mis à part nos sacs qui se prennent parfois dans les branches, ça monte plutôt bien.
Mais ce qui nous attend ensuite monte encore un cran au-dessus… Nous allons devoir longer un pipeline serpente dans la pente, jusqu’au sommet. A droite, la roche, à gauche, le vide. En face, un dédale de pierre entrecoupé de dalles.
Une corde est installée tout le long pour nous aider à monter. Et heureusement qu’elle est là car entre nos gros sacs et la roche plus ou moins mouillée et glissante, ce serait vite devenu dangereux.
Je passe en premier. Je prends le temps de bien poser mes pieds et de m’équilibrer. Je commence quand même en me cognant très fort le tibia contre un rocher : me voici avec une écorchure et un bel œuf !
Je passe d’un côté et de l’autre du pipeline et d’une corde à l’autre au fur et à mesure que je monte. Arrivée à un palier, je stoppe pour attendre Edwige qui attend que je lâche la première corde pour m’emboiter le pas. La voici qui s’attaque au pipeline.
La suite ? Un passage qui nécessite carrément d’escalader. Il est court, on reste dans du 3 mais avec du poids sur le dos, ça change la donne. Heureusement encore, une corde nous aide. Je l’attrape et je cale bien mes pieds dans les prises.
Nous enchainons encore quelques longueurs et arrivons finalement assez vite au sommet. Nous nous retournons et profitons de la vue sur les lacs. Svolvær est déjà bien loin…
Devant nous, une cabane de pêcheur au bord d’un lac.
Plusieurs petits lacs se succèdent. Nous les longeons les uns après les autres et arrivons au pied de la prochaine montée. Avant de l’attaquer, nous décidons de faire notre pause déjeuner. Je dévore. Je crois que la montée dans le pipeline et le poids du sac m’ont demandé pas mal d’énergie.
Coté météo, il fait plus frais que ce matin. Le vent s’est levé et la brume commence à se former sur les sommets.
Nous ne traînons pas trop et entamons la montée. Le chemin n’est plus marqué, nous traçons nous même notre route. En haut, nous nous retournons pour admirer la vue sur les lacs en contre bas…
De l’autre côté, nous profitons d’un très belle vue sur l’Olderfjorden. Trainer un peu, profiter encore…
La descente n’a pas l’air trop raide mais elle parait longue par contre. Cependant, la carte indique un passage dangereux, nous restons donc prudentes : on distingue en effet quelques passages plus pentus, avec des rochers parfois abruptes. Des rubans semblent avoir été posés pour indiquer le chemin à suivre mais nous décidons plutôt de suivre la trace GPS que nous avons récupéré sur le site de rando-lofoten… et d’y aller aussi au feeling…
Rapidement, nous arrivons dans une forêt de bouleaux que nous allons devoir traverser pour arriver en bas du fjord. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est pénible… Le sac s’accroche aux branches, on s’emmêle facilement dedans… Ce n’est pas drôle. Mais ce passage dans les bouleaux est assez long, il va falloir s’y faire. Le terrain est aussi bien gorgé d’eau par endroit. Les pieds glissent dans la boue, Edwige chute sur les fesses.
Mon tour va venir aussi…
Me voici devant une belle dalle recouverte de mousse gorgée d’eau. J’hésite mais je décide quand même de passer dessus : j’en ai marre des bouleaux, une petite pause est bienvenue avant de replonger dedans. J’avance doucement pour tâter un peu le terrain. C’est vraiment très glissant mais pas très raide. Un pied devant l’autre… Rapidement, il arrive un moment où, sans même faire un pas, je glisse tout doucement. Je m’accroupis, histoire de garder l’équilibre, et je me laisse glisser jusqu’en bas de la dalle. Finalement, c’est un peu comme si je skiais, non ? C’est plutôt amusant… Jusqu’au moment où mon pied butte sur la dalle et où mon sac m’entraine : c’est parti pour une glissade dans la mousse trempée, suivi d’un rouler-bouler dans la boue.
Ma course s’arrête en bas, au pied des bouleaux. Pour couronner le tout, je suis complètement bloquée par mon sac qui, avec son poids, m’empêche de me relever. Je suis toute tordue, j’ai le pantalon trempé, le sac et les manches de ma polaire pleines de boue, et je pars dans un fou-rire.
J’arrive tant bien que mal à détacher la ventrale de mon sac et à me dégager. Alors que nous n’en sommes qu’au premier jour de marche, nous sommes déjà couvertes de boue et mouillées. Et ce, alors qu’il ne pleut pas encore !!
Je recharge mon sac et nous repartons dans la forêt de bouleaux. Courage, c’est bientôt fini… heureusement car on n’avance pas très vite dans ce terrain et je commence à avoir sérieusement mal aux épaules. J’ai chargé ma tente sur le haut de mon sac, erreur… D’habitude, je la coince en bas du sac et je n’ai pas ce genre de douleur au niveau de la nuque et des épaules.
Nous arrivons enfin en bas, au fond du fjord. Là, nous tombons sur les restes d’une maison : par terre, des pans de murs en bois, des planches… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ici mais elle est complètement désintégrée. Seule une chaise bleue se dresse encore parmi les ruines…
Nous faisons ensuite face à une rivière qui se jette un peu plus loin dans la mer. Nous devons la traverser. Nous regardons à droite, à gauche, cherchons le meilleur endroit pour passer : il y a bien des pierres ça et là mais ce n’est pas top et le risque de glissade est bien là… Après la roulade dans la gadoue, nous n’avons vraiment pas envie de tremper nos chaussures. Nous décidons de jouer la sécurité et de déchausser.
Nous cherchons nos sandales. Les miennes sont dans mon sac, Edwige les a accrochées à l’extérieur. Mauvaise surprise pour elle au moment de les récupérer : il ne lui en reste qu’une… La deuxième a dû rester accrochée à une branche de bouleaux… Ce premier jour de marche va finir par devenir mémorable… Elle chausse quand même celle qu’il lui reste, moi mes deux sandales et nous traversons. Fraîcheur…
La suite consiste à longer la côte, le long du fjord. Cailloux, algues et passages herbeux se succèdent.
Il y a toujours ces morceaux de ruban de chantier accrochés aux arbres, pour indiquer le chemin le long de la côte, même s’il parait évident…
Je peine un peu dans cette dernière ligne droite. Aucun souci de jambes ou de pieds mais mes épaules me font vraiment souffrir. Arrivées sur une route, nous faisons une pause. Je me débarrasse de mon sac pour essayer de détendre mes épaules. Quelle libération ! Nous en profitons pour grignoter un peu. Par contre, nous n’avons plus beaucoup d’eau et nous n’en avons pas trouvé après la rivière que nous avons traversée à gué. Ça va être problématique pour cuisiner ce soir et demain matin : nous n’avons clairement pas assez d’eau. Cela devient donc notre préoccupation première : trouver un point d’eau. Pas de rivière sur le chemin d’après la carte. Nous espérons donc trouver de l’eau à Kleppstad : une aire de pique-nique y est indiquée. Au pire, nous irons toquer à une porte pour en demander.
La fin du trajet se fait le long de la E10 qui est toujours aussi passagère. Ce n’est vraiment pas agréable et je trouve que c’est parfois limite dangereux. Mais il n’y a pas d’autre chemin. Je finis par marcher dans le fossé, c’est plus prudent.
Nous voici à l’entrée de Kleppstad. Nous passons à l’arrêt de bus pour jeter un œil aux horaires. Demain, nous devons traverser deux ponts et une petite île pour rejoindre le début de la deuxième étape. Le pont est interdit aux piétons, nous devons soit faire du stop, soit prendre le bus jusque Sundlak. Nous espérions avoir un bus ce soir, pour nous avancer pour demain matin. Mais il n’y en a pas avant 11h40 demain. C’est tard… On hésite à faire du stop dès maintenant pour traverser dès aujourd’hui…
Pour le moment, nous allons jusqu’à l’aire de pique-nique, qui est juste avant le pont. Ouf ! Il y a des toilettes et donc de l’eau. Nous pouvons faire le plein. Nous allons ensuite un peu plus loin, le long de la côte. Il y a de quoi bivouaquer ici. La pluie commence à tomber… Nous décidons de passer la nuit de ce côté du pont. Le stop, ce sera pour demain matin.
En face, les montagnes que nous allons d’abord longer avant de plonger dedans.
Les petites averses s’enchainent, sans que ce soit le déluge. Peu importe, les tentes sont montées et nous sommes à l’abri. La journée a été assez intense… Il n’est que 21h30 et je tombe de fatigue.