14 août 2016 – Retour en Islande

Il n’est pas encore 8h que j’ouvre déjà un œil. Quand je pense que chaque matin j’avais du mal à émerger… Autant en profiter ! Je sors de la tente. Tout est calme dehors. Le vent souffle et il fait plus froid que les autres jours. J’enfile mon bonnet et je me poste face aux montagnes, éclairées par les premières lueurs du jour.

L’un après l’autre, chacun sort de sa tente. Tout le monde est debout et nous prenons notre dernier petit déjeuner en pleine nature. Vient alors le moment de démonter les tentes pour la dernière fois. Avec ce vent, c’est un peu mouvementé. Les toiles virevoltent, la poussière s’invite dans les sacs, le rangement est un peu brouillon.

Nous partons en direction du village. Nous gagnons le port où nous laissons nos sacs près de l’embarcadère. Nous avons un peu de temps avant notre vol pour l’Islande et pouvons donc en profiter pour aller faire le tour du village.

Kulusuk n’est pas bien grand mais est tout de même touristique. L’aéroport lui apporte son flot de visiteurs, que nous pouvons croiser ici et là. On est quand même loin du tourisme de masse… pour le moment…

Près du port, un plan du village indique les principaux lieux : guesthouses et hôtels, supermarché, petit musée de la ville, boutique de souvenirs, …

Nous déambulons dans les rues. A nouveau ces maisons colorées, rouge, bleu, jaune, en plus ou moins bon état. Et toujours quelques détritus de-ci, de-là dont une odorante carcasse abandonnée au bord de la route. Phoque ou cétacé, la bête a été dépecée en bonne et due forme, après une partie de pèche fructueuse, et les restes abandonnés.

Au-dessus, sur les rochers, les chiens de traîneau nous observent en silence.

Nous entrons faire un tour dans le supermarché qui est bien mieux achalandé que celui de Kuummiut. Ici, grâce à l’aéroport, la livraison est hebdomadaire et cela change la donne : la gamme de produits proposée est nettement plus large.

Nous partons ensuite à la recherche d’une boutique de souvenirs que nous ne trouverons pas. Il semblerait qu’elle soit maintenant fermée, faute de clients…

Un petit groupe d’entre nous décide alors d’aller visiter le petit musée de la ville. Nous pouvons payer en couronnes danoises, en couronnes islandaises ou en euros, ce qui facilite la tâche. Je chercher mes quelques pièces et je paye mes 3 euros d’entrée.

Le gardien nous demande cependant d’attendre qu’un petit groupe sorte avant de rentrer. En effet, le musée est minuscule et se résume à trois petites pièces dans lesquelles sont entreposés des objets du quotidien groenlandais.

Notre tour arrive. Nous laissons nos sacs à l’entrée et commençons la visite. Rapidement, le gardien se joint à nous et nous donne quelques explications sur les objets qui nous entourent et sur les us et coutumes des groenlandais.

Dans la première pièce, un kayak qui a appartenu à la grand-mère de sa femme. Il faut 5 à 6 peaux de phoques pour le recouvrir tandis que la structure en bois est faite à partir de bois échoué, en provenance de Sibérie. Sur le mur du fond sont accrochées des rames. Leur forme, très spécifique, permet de ne pas faire de bruit et de s’approcher au plus près des animaux, pendant la chasse.

Sur une table, des chaussures et des habits cousues par les femmes.

Le gardien nous explique que le talon des chaussures est la partie la plus dure à faire. Et c’est sur ce critère qu’un homme va choisir sa femme (!!). En effet, il est important pour un homme qu’une femme soit une bonne couturière. Pour s’en assurer, il va donc regarder si les talons des chaussures qu’elle a confectionnées est bien cousu. 

Il va un peu plus loin dans l’histoire et nous explique que lorsqu’un homme choisit une femme, il la porte jusque dans sa maison et passe la nuit avec elle : elle devient donc automatiquement sa femme et ils sont alors mariés. Par ailleurs, si un homme convoite la femme d’un autre, il va se battre avec lui pour repartir avec sa femme en cas de victoire. Simple, non ?

Nous pénétrons ensuite dans une autre petite pièce, typique d’un habitat d’hiver. Le gardien nous explique que les inuits étaient nomades l’été et que juste avant l’hiver, en octobre/novembre, ils construisaient leur maison pour l’hiver. Dans cette pièce vivaient quatre familles, pour se tenir chaud.

La visite se termine, le groupe suivant arrive. Ils sont nombreux, nous devons sortir pour leur laisser la place.  Avant de sortir, nous jetons un oeil aux quelques souvenirs vendus ici. Des bijoux, des animaux sculptés et des tupilaks, objet emblématique du pays. Ce sont de petites figurine sculptées (aujourd’hui dans du bois de renne ou des os) qui représentent les esprits et qui peuvent être utisés pour se protéger… ou pour se débarrasser d’un ennemi. 

Nous remercions le gardien pour sa gentillesse et ses explications. Grâce à elles, la visite a été enrichissante.

Nous rejoignons alors le reste du groupe au port. Sur le chemin, un chiot gambade autour de nous : il se couche carrément à nos pieds pour se faire caresser. Apparemment, il fait ça avec tout le monde, c’est la mascotte du village.

L’heure de partir pour l’aéroport est arrivé. Nous récupérons nos sacs et partons à pied. Nous avons 2 km à faire, les derniers avec nos gros sacs sur le dos. Nous suivons une route en terre. Le vent souffle fort et soulève des nuages de poussière. Ils tourbillonnent, nous enveloppent et nous sommes vite recouverts d’une fine pellicule. La touche finale de crasse qu’il nous manquait !

Nous arrivons à l’aéroport qui est encore désert. Je passe aux toilettes et je découvre mon visage dans le miroir pour la première fois depuis 12 jours. Bronzée certes, mais un peu pouilleuse aussi !!

Nous regroupons les tables pour manger un morceau. Notre fromage répand une sympathique odeur dans tout le hall… En dessert, l’un d’entre nous partage deux bananes qu’il a acheté au supermarché : nos premiers fruits frais depuis un bon moment !

Mon regard se pose sur un panneau signalétique. La version groenlandaise de « terminal domestique » m’impressionne par sa longueur !

Les voyageurs commencent à arriver. Un couple de français tente de changer son billet pour rentrer aujourd’hui. En effet, demain le vent sera plus fort et les vols risquent d’être annulés. Aujourd’hui, ça souffle, oui, mais nous sommes juste à la limite autorisée et les avions peuvent décoller.

Nous rangeons les tables et enregistrons nos bagages. Tout le monde est silencieux, personne n’a envie de partir on dirait… Dehors, la météo a bien changé. Au vent s’est rajouté la pluie, ce qui accentue un peu plus la grisaille qu’on a dans la tête.

Embarquement. Décollage musclé ! Avec le vent, notre petit avion est bien agité : ça tangue, ça saute durant les premières minutes. Je m’accroche un peu à l’accoudoir… Rester calme et serein… Heureusement, la suite du vol sera calme.

A travers le hublot, j’aperçois les icebergs et les montagnes s’éloigner. Notre aventure est bel et bien terminée, la page groenlandaise tournée.

Arrivée à Reykjavik. La grisaille semble nous avoir suivi jusqu’ici. Retour à la guesthouse du début de notre séjour où je récupère les affaires propres que j’avais laissées. Puis quelques minutes de bonheur avec la douche….

Le groupe se retrouve ensuite au restaurant pour dîner. Nous avons encore deux jours à passer en Islande avant de rentrer en France. Les programmes s’organisent. Me concernant, j’ai l’intention de rester en ville demain et de flâner. J’ai bien besoin d’une journée calme et reposante. La soirée se termine autour d’un verre au Kaffibarinn, au son des DJ islandais. 

Photos de la journée

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