Comme chaque matin, il fait déjà bien chaud à l’intérieur de la tente quand nous nous réveillons. Pour moi ce matin, c’est un peu dur. Il me manque une bonne heure de sommeil. Je me lève, péniblement. Heureusement, le petit déjeuner au soleil va faire du bien, même si là encore, les moucherons se sont invités et jouent les troubles-fête.
Nous démontons le camp et nous partons en sandales. En sandales, oui, car nous devons d’abord traverser la rivière près de laquelle nous avons campé, pour gagner le fond du fjord Tasiilap. Là, le sentiment d’isolement au milieu des montagnes est total. Sans compter que le paysage est surprenant. Qui aurait cru que nous nous retrouverions face à une vaste étendue de sable fin…
Sous ce soleil, avec nos shorts, t-shirt et sandales, les pieds dans le sable, on se croirait plutôt en route pour la plage, que sur le chemin des glaciers.
Sur notre droite, la mer. Un courageux tentera la baignade, dans une eau pas si froide d’après ce qu’il nous dira.
Nous continuons sous le regard de ses majestés Trillingerne, Storebror ou encore Pikkelhuen. Je me sens tellement petite à leur pied… Leurs parois abruptes et ces arêtes me fascinent !
Nous arrivons à l’entrée d’une vallée. Mais avant, nous devons traverser à nouveau plusieurs étendues d’eau, plus ou moins larges et profondes et à des températures également très variables. J’hésite un moment à enfiler les chaussettes néoprène pour gagner quelques degrés mais finalement, ça passe sans.
Nous pouvons maintenant abandonner nos sandales et remettre nos chaussures. Car après l’eau, c’est maintenant les cailloux qui nous attendent. Nous traversons deux belles moraines avant d’arriver dans un terrain moins pénible, à l’entrée de la vallée.
Une incroyable vallée où au milieu coule une rivière.
Les épilobes arctiques se sont faites une petite place entre les pierres et jonchent le sol de chaque coté de la rivière.
Nous nous arrêtons un peu plus loin, près de deux beaux petits lacs. Très clairs et peu profonds.
Avec ce soleil qui brille et qui tape, l’eau a dû chauffer un peu… Voilà qui est bien tentant… Je pose mon sac et je m’approche. Je mets la main dans l’eau. Elle est bonne, vraiment pas froide. Je tourne et j’y retourne. Cette fois, je retire mes chaussures pour mettre les pieds dedans. Elle est vraiment bonne… Je tourne encore un peu mais je n’hésite finalement pas très longtemps. C’est vendu ! Quelques minutes plus tard, je rentre dans l’eau. C’est un vrai bonheur.
Photo Sandra Chaulet
Dans le groupe, nous serons trois à signer pour la baignade. Certes, je reste plutôt vers le bord, là où c’est le moins profond et où l’eau est plus chaude. Lorsque je sors, le soleil chauffe si bien que je n’ai pas froid. Quelle météo de folie ! C’est incroyable !
Je rejoins alors le groupe pour un déjeuner sur l’herbe, suivi d’une petite sieste au soleil. Voilà qui est bienvenue car ce qui nous attend ensuite est moins réjouissant et nous demandera plus de vigilance et d’énergie…
Du cailloux et encore du cailloux. Nous enchaînons les moraines… à mon grand désespoir… Cependant, même si je râle, c’est quand même un beau spectacle qui s’offre à nous, avec toute cette variété de couleurs…
… et de petits trésors, découverts ici et là, alors que nous avons les yeux rivés sur nos pieds, si attentifs à ne pas trébucher. Ici, ce qui semble être du mica…
Incroyable pays, si sauvage et si riche ! Je regrette à ce moment de ne pas avoir plus de connaissances en géologie pour pouvoir mettre un nom sur toutes ces roches sur lesquelles nous posons les pieds.
Et lorsque nous levons les yeux, c’est pour admirer les montagnes et les langues glaciaires qui dévalent des hauteurs.
Nous arrivons au bord d’un nouveau lac coincé entre deux moraines. Ce sera la dernière que nous aurons à passer aujourd’hui car c’est derrière elle que nous allons camper ce soir. Ouf… Bonne nouvelle !
Nous nous retrouvons alors à nouveau face à une grande étendue de sable, nichée au creux des montagnes.
De-ci de-là, au milieu de ce paysage minéral, quelques touffes d’herbe pointent le bout de leur nez. Le paysage est on ne peut plus lunaire mais toujours aussi somptueux.
Nous installons nos tentes au bord de la rivière qui coule un peu plus loin. Par contre, je renonce à me laver dedans : l’eau est vraiment très froide et le soleil a disparu derrière les montagnes. Voilà qui n’aurait rien à voir avec la petite baignade de ce midi. J’en profite quand même pour faire une petite lessive, en espérant que ce soit sec demain.
Nous nous promenons un peu dans les alentours en attendant l’heure du dîner. Un peu plus loin dans la vallée, nous apercevons le glacier sur lequel nous allons marcher demain. Mais pour y arriver, il faudra encore passer par pas mal de cailloux.
Je me pose sur une pierre pour admirer le paysage et en profiter au maximum : je veux graver les images dans ma mémoire…
Ce soir, le vent s’est levé. Une bonne nouvelle pour ma lessive qui sèche mais voilà aussi qui me jouera des tours au moment de faire brûler mon papier toilette… Au sol, la mousse et le lichen me paraissant très secs. J’ai donc pris soin d’enflammer le papier sur des pierres. Tout se passait bien jusqu’à ce que le vent ne s’en mêle et ne fasse voler des flammèches… pour les déposer sur la mousse et le lichen bien secs !!! Et voyant que quelques brins commençaient à brûler, je me suis retrouvée à piétiner le sol et à sauter sur le mousse pour étouffer le “feu”… Sur le moment, la situation m’a semblé tellement ubuesque que j’ai été prise d’un fou-rire !
Ce soir, nous dînons sans mouches. Nous avions envisagé de faire une partie de UNO après le repas mais le vent qui souffle a vraiment rafraîchi l’atmosphère. Finalement, nous ne traînerons pas trop dehors et rentrerons tous nous mettre au chaud dans les tentes. L’occasion pour moi d’écrire quelques lignes dans mon carnet de voyage, avant de m’endormir des images plein la tête.