Qui aurait cru que je me réveillerais au Groenland avec l’impression d’être dans un sauna ? C’est pourtant le cas ce matin. A nouveau le soleil brille et la tente s’est transformée en étuve. C’est d’ailleurs ce qui nous réveille. Nous ouvrons tout en grand pour essayer de faire un courant d’air. Il faut dire aussi qu’il a fait nettement moins froid que la nuit précédente.
Le vent a cessé et cela a un inconvénient : les moucherons. Ils sont tous de sortie dès le matin et nous devons enfiler nos filets de tête pour le petit déjeuner. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus pratique pour manger mais les bestioles sont vraiment insupportables.
Démontage du camp et départ. Mais nous nous arrêtons 100m plus loin. Nous sommes au premier point de ravitaillement. Nous dégageons le sac de nourriture qui est enterré sous les pierres et chacun récupère sa partie du butin. Je continue sur la même lancée en prenant le petit déjeuner. Cette fois, nous avons de quoi tenir 3 jours. Soit environ 3kg en plus dans le sac. Moi qui était bien contente de m’être débarrassée des 2kg des deux premiers jours, me voici bien lestée !
Nous repartons, le long de la mer en veillant à ne pas trop mettre les pieds sur les algues glissantes qui jonchent le sol.
Le spectacle des montagnes qui se reflètent dedans est un pur bonheur. La mer est d’une limpidité incroyable.
Je ne m’en lasse pas et je n’arrête pas de scruter le paysage tout autour de moi. Je ne veux perdre aucune miette. Ce n’est que le deuxième jour mais les émotions sont déjà intenses. J’aimerais que le temps s’arrête ici…
Nous nous enfonçons encore un peu plus dans cette nature si sauvage, au cœur des montagnes. Au loin, une partie du groupe : ils paraissent si petits !
Tout le long du rivage, je ne quitte pas des yeux deux belles montagnes, jusqu’à ce que j’arrive à leur hauteur. Deux beaux géants qui dominent la côte.
En route, nous traverserons deux rivières à gué.
Après la première traversée, je repars… sans mes sandales. Heureusement, je m’en aperçois quelques mètres plus loin. Je fais donc rapidement demi-tour pour les récupérer. Voici qui me rappelle une aventure du même genre en Islande, où j’avais oublié mes gants de l’autre coté de la rivière. Cette fois au moins, je n’ai pas besoin de traverser une deuxième fois.
Nous continuons sur un petit sentier le long de la côte. Pas de caillou aujourd’hui, ça fait du bien !
Arrêt déjeuner sur un rocher, un peu en surplomb de la mer. L’endroit est idéal ! En fin de repas, je m’allonge un instant pour faire une courte sieste au soleil. Un pur moment de bonheur.
Avant de repartir, je me tartine de crème solaire. Le visage et surtout les mollets : le soleil a bien tapé hier et j’ai déjà une belle marque rouge, à la limite du pantacourt. Je le remonte un peu, histoire d’essayer de rattraper le coup. Ce n’est pas gagné… De dos, on dirait que j’ai une paire de chaussettes rouges !
Nous arrivons au bout d’une vallée. C’est ici que nous allons planter le camp ce soir, en bordure de rivière. Face à nous, à nouveau une belle chaîne de montagnes.
Nous montons les tentes, les unes à coté des autres, bien serrées ! Si serrées que c’est un peu compliqué de passer entre elles… Ce ne serait pas étonnant que quelqu’un se prenne les pieds dans les fils d’ici demain…
Nous nous retrouvons rapidement à l’ombre. Je profite quand même de la rivière pour aller me laver un peu. Rapide car l’eau est quand même très froide ! L’avantage, c’est qu’on a bien chaud une fois qu’on se rhabille !
Je monte ensuite sur la butte qui surplombe notre campement. Derrière, les montagnes, de la caillasse et des glaciers.
Je reste quelques instants ici pour admirer le paysage. A 360°, tout est somptueux. Puis je redescends pour dîner. Les moucherons s’invitent à nouveau, nous ressortons nos filets de tête.
Pendant le dîner, nous débattons sur l’attitude à adopter avec les déchets. Ici, autant dire que leur gestion est réduite au strict minimum. Il n’y a qu’à voir les détritus qui s’entassent à la sortie des villages. Donc nos déchets finiront quelque part sur cette pile… Voilà qui n’est pas réjouissant et qui est même culpabilisant. Nous n’avons pas envie de laisser de traces ici. La solution serait donc de garder nos déchets et de les ramener avec nous en Islande, où ils seront mieux gérés. Mais cela signifie non seulement qu’à un moment donné du voyage, chacun porte une partie de la poubelle, mais aussi que nous la mettions dans notre sac, au moment du vol retour. Ce qui représente un poids en plus, et donc un risque d’avoir un surplus de bagages. Après discussion, nous décidons de garder et ramener nos déchets en Islande. A la fin du trek, nous verrons si nous pouvons en brûler une partie pour se charger le moins possible. Cela signifie donc qu’à partir de maintenant, il va falloir veiller à avoir des poubelles « propres » : éviter les restes de nourriture dans les sachets de lyophilisés, essorer les sachets de thé, etc.
Après le dîner, une partie du groupe s’exerce aux ricochets dans la rivière voisine pendant que d’autres continuent à discuter.
Ce soir, il fait nettement plus froid que les autres jours. Le campement est bien enclavé entre les montagnes, sans compter cette rivière qui coule au pied des tentes ou encore les glaciers aux alentours.
Je n’arrive pas à me réchauffer et je pars vite me glisser dans mon duvet bien chaud.