Ce matin, je suis réveillée par de petites clochettes… Clochettes que j’ai aussi entendues toute la nuit. Le bruit était discret mais il se distinguait suffisamment du silence pour me tirer de mon sommeil. Je sors de la chambre, je tourne la tête et je tombe nez à nez avec les responsables. Là où la veille des vaches étaient tranquillement parquées, se trouvent maintenant deux chevaux, avec de petites clochettes autour du cou.
Il semblerait que je ne sois pas la seule à avoir été dérangée par eux cette nuit. Dam aussi les a entendus, et il n’a pas l’air d’avoir très bien dormi.
Nous prenons le petit déjeuner et nous nous mettons en route. Aujourd’hui, nous quittons Yara pour aller jusque Tangge. Nous continuons la route vers le sud.
Nous sommes partis un peu plus tôt que ce qui était prévu. Et ce n’est pas plus mal car il y a un peu de monde sur notre route : la coréenne que nous avons déjà croisée, accompagnée de son guide ; mais aussi le groupe de français. Nous avançons plus vite qu’eux, ce qui nous permet de rapidement nous retrouver seuls, devant.
Nous enchaînons les montées et les passages plus plats. Aujourd’hui, les paysages sont un peu différents par rapport à ceux des jours précédents. Nous découvrons de grands plateaux, au milieu des montagnes qui nous entourent.
Nous arrivons à proximité d’un très long pont suspendu : 171 m d’après un panneau. C’est impressionnant, autant par la longueur que la hauteur du canyon qu’il enjambe.
Nous nous engageons dessus. J’essaie de faire abstraction du vide sous mes pieds pendant la traversée. Comme toujours, ça tangue sous nos pas. En bas, au bord de la rivière, nous apercevons une très grande exploitation agricole. Dam nous explique que c’est une exploitation de pommiers, financée par des français.
Nous longeons la rivière avant de remonter sur le plateau. Nous arrivons près d’une habitation perdue au milieu de nul part. Habitation qui s’avère être une guesthouse et l’endroit où nous nous arrêterons pour déjeuner. Il est encore tôt mais ensuite, il n’y aura plus rien pour s’arrêter avant Tangge. Je pense qu’on pourrait tenir jusque là sans manger mais Dam met un point d’honneur à ce que nous ne sautions pas de repas.
Une partie de la maison est en travaux, pour pouvoir accueillir plus de monde à l’avenir. Nous entrons dans la pièce principale et nous installons. Nos hôtes commencent à préparer le Dal Bhat devant nous.
La coréenne arrive à son tour. Pour elle, ce sera un plat de nouilles. Son guide explique qu’elle ne veut pas manger la cuisine népalaise. Elle aura donc un plat instantané chinois. L’homme qui conduit les chevaux du groupe de français est là aussi. Lui ne mangera rien. Par contre, il descendra deux bières.
Notre dal bhat est prêt et copieux ! Me voici bien calée pour la suite. La remise en route sera d’autant plus dur que cela commence par une montée. Elle n’est pas très raide mais longue. Très longue ! Devant nous, les chevaux qui transportent les bagages des français et leur guide. Nous l’entendons émettre toutes sortes de bruits, sifflements, couinements pour les faire avancer. Il a aussi un méthode bien à lui pour se faire aider dans la montée.
Lorsque nous partons, il pleut un peu mais ce n’est pas gênant. L’air est lourd, et ces quelques gouttes nous rafraîchissent plus qu’elles ne mouillent. Cette montée post-déjeuner nous casse bien les jambes. Nous ferons plusieurs pauses avant d’arriver au col.
Certains passages plus étroits et un peu plus raides seront délicats à passer pour les chevaux. Alors que nous approchons de l’un d’eux, les chevaux et leur guide nous rattrapent et nous dépassent. Le chemin est très étroit, je me colle à la paroi pour les laisser passer et éviter de me faire marcher dessus par les chevaux. Mais quelques mètres plus loin, ces derniers s’arrêtent devant une pente un peu raide, dans un sol un peu trop meuble pour eux. Ils hésitent, reculent, semblent au bord de la panique. Dam nous fait passer devant. Il reste derrière avec le guide et les porteurs pour décharger les bagages des chevaux et les aider à passer ce passage délicat. Ce seront ensuite eux qui monteront les bagages en haut de la pente, en les portant sur le dos.
Nous arrivons au col. Nouveau passage à 4 000 m. Au loin, nous apercevons les hautes montagnes à travers les nuages.
Après le col, nous ne ferons que descendre. Un premier passage raide nous amène à un plateau. Puis un second nous fait passer dans un couloir bien venteux. Nous débouchons alors sur un canyon où passe une rivière, le long de laquelle est niché le petit village de Tangge.
Nous entamons la dernière descente dans un chemin pierreux.
A l’entrée de Tangge se dressent plusieurs stupas aux belles couleurs rouge, vert et blanc. Ils suivent notre chemin et nous accompagnent pendant quelques temps, pour le plus grand plaisir des yeux.
Nous arrivons à la guesthouse. Nous déposons nos affaires et nous faisons une courte pause avant de ressortir pour aller visiter le village. Il est petit et ce sera rapide. Nous nous rendons dans une autre guesthouse où loge la coréenne. Nous restons un peu avec elle et son guide, le temps de boire un thé et de discuter un peu.
Nous rentrons ensuite à notre guesthouse. En chemin, deux jeunes enfants malicieux nous observent…
Et en montant sur les hauteurs, nous pouvons profiter de la vue sur le village, mais aussi sur les falaises, la rivière et les hautes montagnes au loin. Splendide…
Ce soir, pour le dîner, Dam est heureux de nous proposer… des frites ! Nous acceptons l’entorse au dal bhat et cela donne un petit air de fête au repas.
Je discute ensuite avec lui de notre trek. Selon lui, cela représentera près de 200 km de marche au total. Un beau bout de chemin ! Nous parlons ensuite du Manaslu, une autre région du Népal que j’aimerais visiter aussi.
En attendant, demain, une grosse étape de notre voyage nous attend : 8 à 9h de marche, dont un bon tiers de montée. Le réveil est programmé pour sonner à 5h15. Nous envisageons de partir à 6h30, histoire d’avoir le temps de faire quelques pauses pour profiter des paysages en route.