4h20. Comme je le redoutais, ça pique. D’autant plus qu’il a fait très chaud cette nuit et que les chiens de rue ont aboyé jusque tard dans la nuit. Nous fermons le sac et descendons à la réception. La propriétaire est levée. Son fils et elle nous aident à porter notre sac jusqu’au taxi.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons à l’aéroport. Dam nous attend devant. Les premiers employés arrivent aussi et allument les lumières dans le hall de l’aéroport, désert.
Le comptoir de notre compagnie, Tara, ouvre quelques instants après et Dam va nous enregistrer. Nous pesons les bagages. Notre gros sac fait 30 kg. Même si nous avons un sac pour deux, la limite des 20 kg est trop largement dépassée. Nous devons prendre des affaires avec nous. Je bourre mon sac cabine, j’en ajoute dans celui de Dam. Nous descendons à 20 kg. Par contre, mon sac cabine est largement au-dessus de la limite autorisée mais apparemment, cela pose moins de problème.
Notre vol pour Jomsom est prévu à 6h. Problème : il pleut des cordes et le ciel est complètement bouché. C’est mal parti pour décoller. Pour ce vol, il faut de la visibilité. Nous devons donc attendre. Mais il ne faudrait pas que ce soit trop long car il n’y a plus de vol à partir de midi : trop de vent l’après-midi à Jomsom, aucun avion n’atterrit ou ne décolle.
Partira, partira pas, aucune certitude pour le moment. Nous avons une alternative à l’avion, la jeep. Mais ce sera trajet de 10h sur des pistes. Autant dire que ça ne fait pas rêver !
L’attente commence et elle sera longue. La nuit ayant a été courte, la fatigue se fait vite sentir. Je lutte pour ne pas m’endormir sur mon fauteuil. Un petit tour au restaurant, histoire de prendre un café, avant de revenir dans le hall. Les voyageurs des vols suivants arrivent les uns après les autres. Tout le monde est bloqué. Soit à cause de la météo au départ, soit à cause de celle à l’arrivée. Jomsom n’est pas la seule destination concernée.
Vers 10h, la pluie semble se calmer, le ciel se dégager un peu. C’est notre dernière chance pour décoller. Après, il sera trop tard, le problème du vent empêchera tout atterrissage à Jomsom.
10h30. Cette fois, c’est la bonne : nous pouvons décoller ! Direction la piste !
Nous embarquons dans notre tout petit avion. Une vingtaine de places, pas de séparation avec la cabine de pilotage. Une hôtesse nous accueille tout de même et nous offre des bonbons. Peu d’espace entre les sièges, j’ai les jambes recroquevillées et je dois encore y glisser mon sac à dos. Je serai bien calée, rien ne peut bouger !
Décollage.
C’est parti pour 25 minutes de vol au-dessus des vallées, des rivières, des montagnes.
Le ciel reste très nuageux, nous ne pourrons pas voir les hautes montagnes environnantes. Nous aurons cependant la chance d’apercevoir l’Anapurna se dresser au-dessus des nuages.
Nous arrivons en vue de Jomsom… Après un vol sans encombres ni turbulences, l’atterrissage promet d’être un grand moment. Jomsom est niché au creux des montagnes, nous allons devoir les longer avant de faire un grand demi-tour au bout, pour revenir dans l’autre sens et atterrir sur la piste. Long, très long virage…. Voici une petite vidéo pour vous donner une idée :
Ça penche… ça tourne… ça tourne encore… ça n’en finit pas de tourner. La piste apparaît enfin, nous atterrissons. Voilà, nous posons le pied au Mustang.
Nous restons quelques minutes sur le perron avant de pouvoir entrer dans l’aéroport. Nous y retrouvons Hudi, notre porteur, qui lui est arrivé hier en jeep. Voici donc le courageux qui va porter notre sac de 24kg durant tout le trek. Nous récupérons nos bagages, passons la sécurité. Chacun d’entre nous devra se déclarer sur un registre pour pouvoir quitter les lieux.
Nous allons prendre notre petit déjeuner dans une guesthouse. Nous n’avons pas mangé grand chose depuis notre réveil à 5h, ça fait du bien d’avaler enfin quelque chose !
Nous prenons la route, direction Kagbeni. L’étape d’aujourd’hui sera courte, environ 11 km pour arriver aux portes du Haut Mustang. Parfait pour une mise en jambe et après un réveil aux aurores.
Dehors, le soleil tape fort. Crème solaire et casquette obligatoires avant de partir. Nous prenons la route et quittons la ville.
A la sortie, nous passons par le check point pour déclarer notre entrée dans le Mustang. C’est le moment de présenter nos permis de trek. Un peu plus loin, nous longeons une zone militaire avec une falaise école pour grimper, hélas réservée à l’armée. De loin, elle fait bien envie. En réalité, je ne suis pas certaine que le rocher soit très bon…
Nous suivons la route. Il y a peu de circulation. Seules quelques jeeps transportant les touristes vers Kagbeni ou plus loin, vers Lo Mantang ; Egalement quelques camionnettes et tracteurs.
Les montagnes s’élèvent de part et d’autre de la route, la rivière Kali Gandaki et son eau boueuse coulant au pied.
Le paysage est très minéral, les couleurs chaudes : on y trouve toutes les teintes de marron. Tout est conforme aux images que j’avais vues avant mon départ. La route, de par son état, est parfois semée d’embûches. Il n’est pas rare de traverser des passages avec des pierres ou des éboulis, en plus des trous et ornières en tous genres.
1h à peine après notre départ de Jomsom, nous nous arrêtons à l’hôtel Hilton pour déjeuner.
Le petit déjeuner n’est pas très loin, on ne peut pas dire que nous soyons affamées. Je prends tout de même une soupe.
Lorsque nous repartons, Kagbeni est déjà en vue, au loin. Une petite oasis de verdure au milieu des montagnes marrons.
Et sur le chemin, les publicités locales pour les guesthouses fleurissent sur les pierres.
25 minutes plus tard, nous arrivons à Kagbeni et à notre guesthouse, Shangri-La. Nous déposons nos affaires et nous nous reposons un peu avant de ressortir pour aller visiter le village.
Nous commençons par le monastère bouddhiste et son école de moine. Lorsque nous arrivons, c’est récrée. Tous les petits moines sont dehors et jouent au foot ou au cricket. C’est un peu étonnant de les voir relever leur longues robes sur leurs shorts et courir après un ballon. Ce n’est pas vraiment l’image que l’on se fait du moine bouddhiste.
Il y a des enfants de tous âges. Les plus jeunes semblent n’avoir que 4 ou 5 ans. Dam nous explique qu’au Népal, auparavant, le second enfant devenait toujours moine (ou nonne si c’était une fille), tandis que l’aîné héritait des biens de la famille et que le 3ème et les suivants faisaient ce qu’ils voulaient de leur vie.
L’un des moines nous emmène visiter l’ancien monastère bouddhiste. Fragilisé par un glissement de terrain, il a été délaissé pour un tout nouveau monastère construit juste à coté.
Nous restons un moment à l’intérieur, même si c’est finalement assez petit. Le moine nous explique les grands principes du bouddhisme et nous présente les lieux. Je n’y connais pas grand chose et je trouve cela assez compliqué !
Le moine nous propose de venir le lendemain matin assister à la cérémonie, à 6h. Nous acceptons. La grasse matinée, ce ne sera pas encore pour cette fois ! Il nous précise que nous pourrons prendre des photos. Cela m’étonne, je lui fais répéter plusieurs fois. Il confirme à chaque fois.
Nous quittons le monastère et allons faire un tour dans le village.
Au détour d’une rue, nous tombons sur un « Yac Donalds », hôtel-restaurant visiblement friand de jeux de mots.
Et pour rester dans la thématique yack, un peu partout, des queues de yacks sèchent aux balcons.
Apparemment, cela se vend très bien au voisin chinois.
Retour à la guesthouse. Nous prenons une douche… froide. L’eau chaude n’arrivera que plus tard dans la journée.
Le dîner est servi à 19h30. Riz sauté et un thukpa au yack (soupe à base de nouilles). C’est énorme mais Dam insiste pour que nous prenions deux plats… C’est bon mais je suis gavée !
Si l’eau chaude a mis du temps à arriver, l’électricité n’en finit pas d’aller et venir. Je me lave les dents à la frontale. Coté literie, il semblerait qu’il y ait une vie à l’intérieur. Tout comme dans la moquette au sol, surtout quand on sait qu’il n’y a pas d’aspirateur ici. Une petite piqûre sur la cheville… Je me tartine de produit pour la nuit.
Extinction des feux de bonne heure, pour récupérer suffisamment. Un nouveau réveil aux aurores nous attend, pour assister à la cérémonie au monastère.