04 Août 2014 – De Torehytten à Tyssevassbu

On frappe sur le lit. C’est l’heure…. Cette fois, personne ne bouge dans la chambre. Il semblerait que nous soyons les seules à vouloir partir tôt aujourd’hui. Je rassemble rapidement mes affaires et je sors de la chambre pour tout ranger et éviter de réveiller tout le monde… Sauf que quelqu’un dort sur la banquette du salon. C’est la copine de l’ours norvégien. Il me semblait avoir entendu ronfler…

Nous prenons notre petit déjeuner. Petit à petit, les gens se lèvent. On dirait qu’on a sonné le ralliement.

Dehors, le soleil est revenu. L’amélioration annoncée se confirmerait-elle ? En attendant, quand nous partons, ma veste et mon pantalon de pluie sont encore mouillés. La chaleur du poêle n’a pas suffit.

Nous commençons par passer un petit passage où il faut un peu dé-escalader pour descendre au niveau d’une rivière et la traverser.

Nos gros sacs poussent un peu aux fesses… Le mien reste aussi accroché au rocher…. Nous voici au bord de la rivière. C’est un peu glissant… Un petit saut et nous sommes de l’autre coté.

Il faut ensuite remonter en escaladant encore un peu. Mais ça passe plutôt bien.

La suite est plus calme, le chemin n’est pas trop chaotique. On aperçoit le refuge derrière nous. Il paraît si proche alors que nous marchons depuis un petit moment déjà.

Rapidement, les premières plaques de neige se dressent devant nous. Oui, le chemin passe par elle, nous devons aller tout droit.

Cette première étendue est un peu impressionnante. Un peu pentue et elle fait un pont de neige au-dessus d’une petite rivière dont on entend bien le bruit sous nos pieds !

Rajouté à cela quelques petites crevasses.. et une arrivée direct dans la rivière en cas de glissade…

La route continue ensuite sur le plateau. Pause en haut d’une montagne, le temps de grignoter une barre de céréales.

Nous arrivons ensuite très vite au bord de la rivière que nous devons traverser à gué. La fameuse rivière sur laquelle j’avais un doute, celle qui pourrait être un peu haute. Déjà, il y aura deux bras de rivière à traverser et ils sont plutôt larges.

Ensuite on dirait en effet qu’il y a un peu de profondeur même si ça a l’air bon. De l’eau jusqu’au genoux m’avait dit une fille à Stavali. Ça a l’air de se confirmer. Nous remontons nos pantalons et je pars en premier. Mais je fais demi-tour et laisse Christine passer devant. Elle est plus grande, elle se rendra mieux compte de la profondeur. Je la suis. Ça passe bien, il y a peu de courant. Sauf que je suis plus petite. Et que l’eau monte au-dessus de mes genoux. Voilà, mon pantalon est mouillé. Et en traversant le deuxième bras de rivière, avec le mouvement de l’eau quand je marche, même lentement, je me retrouve vite avec les fesses mouillées. Voilà qui n’est pas agréable pour marcher… Heureusement qu’il ne pleut pas !

Peu après cette rivière, nous arrivons devant une très grande étendue de neige. Si grande qu’on n’en voit pas la fin. A flanc de montagne, de forme un peu bombée ce qui fait qu’on ne voit pas ce qu’il y a de l’autre coté, nous n’avons aucune idée si ça descend à pic ou si cela continue doucement… EN tout cas, le chemin a vraiment l’air d’aller dans ce sens. Nous regardons autour de nous, aucune trace d’un autre passage. Peut-être le prochain “T” est-il plus loin ? Christine sort ses jumelles : rien sur la neige et rien en haut de la montagne. Bon. Christine avance un peu sur la neige pour voir si elle aperçoit le “T” plus loin mais elle fait demi-tour : cela ne semble pas être ici. Du coup, nous montons en haut de la montagne : soit nous y trouverons le chemin, soit nous aurons assez de hauteur pour apercevoir les marques. Et nous voici en haut mais toujours aucun signe. Nous avançons encore un peu et tout à coup, nous apercevons quelqu’un plus bas, sur une montagne qui est en face de nous. Et voici les “T”, en bas aussi ! Conclusion : il fallait bien passer sur la neige. Il faut donc redescendre sur la neige et aller au palier un peu plus bas, au bord d’une barre rocheuse. Et oui mais c’est raide. Forcément, on marche carrément sur le flanc de la montagne ! Je plante bien les pieds, je m’aide bien des bâtons, j’avance doucement et ça passe. J’arrive sur le palier, Christine commence la descente. Je sais que ce terrain n’est pas son fort, d’autant que la pente est un peu raide… Je lui dis de prendre son temps et de bien poser ses pieds. Vue la grandeur de la plaque de neige, ce n’est pas le moment de faire des glissades dessus. De mon coté, je longe la barre rocheuse : la marche est un peu haute… Je ne trouve pas de passage. Bon, il faut la contourner en passant à nouveau sur la neige. Le passage n’est pas long mais cette fois, c’est vraiment très raide ! Même moi, je ne suis pas spécialement à l’aise. Allez, un pas l’un après l’autre. Je creuse de petites marches, je vais très doucement. Ok, je  tourne à gauche, me voici à un endroit un peu moins raide. Et là… je retrouve mes “T”. Ça se confirme donc, il fallait bel et bien avancer tout droit sur la neige.

J’appelle Christine, je ne la vois plus. Pas de réponse. J’appelle à nouveau. Toujours rien. Mince… J’espère que tout va bien sur la neige… En même temps, je n’ai pas entendu crier donc j’imagine qu’il n’y a pas eu de chute… ou de glissade… ?? Je me décale un peu sur la droite, en suivant le chemin sur la terre ferme et enfin je la vois. Enfin, j’entends d’abord un petit cri… Elle vient d’arriver sur le terre-plein mais elle est tombée juste avant. Rien de grave. Mais elle ne veut plus continuer sur la neige. Bon… Étant donné la raideur du passage que je viens de traverser, je n’insiste pas. Mais je ne vois pas du tout où elle pourrait passer : cette barre rocheuse est quand même bien haute. Finalement, en la longeant, je trouve un passage où c’est jouable. Il y a de l’eau qui coule, il faut dé-escalader mais Christine n’a pas vraiment le choix. Je récupère son sac en bas, je guide ses pas et la voici sur la terre ferme.

Nous reprenons la route et continuons le plus possible avant de nous arrêter pour déjeuner. On marchera forcément moins vite après et la route est encore longue jusqu’au refuge. Et je ne sais pas combien de plaques de neige nous allons encore rencontrer ! Nous choisissons de nous arrêter face à un lac.

Le couple allemand croisé au refuge hier soir nous rattrape et nous dépasse. Mais nous leur emboîtons le pas rapidement. Nous ne sommes pas encore arrivées…

Juste après être reparties, nous arrivons à la deuxième rivière que nous devons traverser à gué. La jeune fille allemande est en train de la traverser, sans sandales. Elle du mal à garder l’équilibre sur les pierres glissantes. Nous déchaussons, enfilons les sandales et traversons. Aucune difficulté pour cette rivière, elle est juste un peu plus agitée que la précédente. Mais cette fois, mon pantalon reste sec !

Nous marchons ensuite plus ou moins avec les allemands devant ou derrière nous, selon les moments. Et à nouveau, une étendue de neige, puis une autre. Nous les enchainons et cela devient un peu fatigant. Je commence à en avoir marre de la neige…

La fin du parcours est longue… Quand il n’y a pas de neige, on marche dans les pierres ou sur des rochers. Et cela fait 8h qu’on marche, les pieds commencent à sérieusement chauffer. Je distance un peu Christine. Je jette un œil de temps à autre pour la garder à vue. Par contre, je ne vois toujours pas le refuge… Des pierres, de la neige, c’est tout… Et enfin il apparaît, au milieu de nul part !

Mais il y a quand même des poteaux électriques : pas de bougie ce soir !

En face, un lac dont les rives sont encore bien chargées de neige qui forme même des ponts par endroit.

C’est ici que nous irons puiser l’eau car il n’y a pas d’eau courante dans le refuge. Je rentre dans la première maison : c’est celle de la gardienne. Elle m’accompagne dans l’autre bâtiment pour me montrer notre chambre. Je discute un peu avec elle et elle me dit que demain, pour aller à Trolltunga, il y aura aussi beaucoup de plaques de neige. Et zut…

Les allemands arrivent et plantent leur tente un peu plus loin. Ils passent juste acheter à manger dans le refuge. Les deux norvégiennes qui étaient hier au refuge arrivent à leur tour. Il y aussi deux autres norvégiennes dans le refuge, une mère et sa fille. Elles arrivent de Litlos. La fille me confirme qu’il faut compter 8h de marche si nous décidons de ne pas nous arrêter à Trolltunga et de continuer directement jusque Skeggjedal. Je lui dis qu’on envisage de camper à Trolltunga, elle confirme que c’est une meilleure idée. En plus, le beau temps revient. Alors pourquoi s’en priver ?

Dehors, la lumière est superbe : le soleil est revenu, le jour commence à décliner. Le neige se teinte de rose. Je sors pour profiter du spectacle.

Je descends au bord du lac pour me laver les mains : l’eau est gelée !!!

Retour au refuge où tout est calme. Chacun vaque à ses occupations avant d’aller se coucher. Radio norvégienne en fond sonore, avec la lumière mais quand même une bougie allumée. Ils adorent ça dans ce pays. Je feuillète des magasines sur l’étagère, en norvégien. Je ne comprends pas grand chose. Je vais donc rapidement me coucher.

Demain, direction Trolltunga. J’ai hâte de voir ce lieu même si j’ai peur qu’on y croise beaucoup de monde…

Photos de la journée

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