Ce matin, le groupe a rendez-vous avec Carmen pour aller faire du kayak. Pas moi. Je vais longer la côte et rejoindre le groupe qui doit accoster au bout de la baie. Je ne suis donc pas pressée et je m’occupe de faire la vaisselle pendant que tout le monde se prépare. Je vais la rincer dans la mer. C’est un peu frais dès le matin. La pente était un peu raide, je manque de me retrouver les pieds dans l’eau. Ça commence fort.
De retour à la tente, Jean me briefe un peu sur les endroits où passer. Carmen arrive. Il est temps pour tout le monde de partir. De mon coté, je termine mon sac pour la journée. Ne pas oublier les sandales pour traverser la rivière.
Au moment de partir, un troupeau de moutons passe juste devant le camp, au bord de la mer. Je les vois justement s’éloigner vers la rivière que je dois traverser… et je les vois la traverser sans problème. Si les moutons passent, je devrais passer ! En effet, c’est possible juste à l’embouchure avec la mer car c’est marée basse. Je n’y avais pas pensé hier. Je chausse les sandales quand même et hop ! Je passe en deux temps trois mouvements. L’eau n’est pas très froide, les pierres sont juste un peu glissantes. Je fais attention en posant les pieds.
Arrivée sur l’autre rive, j’envisage d’abord de monter en haut des petites montagnes pour aller au bout, plutôt que de longer la côte. Mais cela risque de me rallonger, donc je reste en bas pour le moment.
Je reste sur les terrains herbeux : c’est plus simple et j’en profite pour chercher quelques champignons. C’est ma mission du jour. Trouver des rosés pour le diner de ce soir. Jean tentera lui de pécher quelques poissons en rentrant.
Je passe quand même par quelques dalles. Avec ce temps magnifique, tout est sec, donc aucun risque de glisser.
J’arrive à proximité d’une nouvelle rivière. Deux bras à passer. Pour le deuxième, j’aperçois un pont. Mais pour le premier, il va falloir se déchausser. Même en courant vite, l’eau est trop haute pour passer sans se mouiller les pieds. Je traverse. Je passe le pont qui est un peu branlant, un peu troué mais qui semble quand même tenir.
Je croise les ruines d’une maison. Sur la carte, plusieurs ruines viking et inuit sont indiquées. En voici donc une.
Je passe derrière une barre rocheuse et me retrouve à proximité de deux petits lacs d’une limpidité incroyable.
J’avance encore un peu et envisage de monter en haut de la montagne à ce niveau. Mais il faudrait que je traverse une étendue de bouleaux arctiques et ils sont assez hauts. Bien plus haut qu’en Islande, impossible de marcher dessus. Il faut se frayer un chemin au travers. L’enfer… Sans compter que ce chemin me rallongerait pas mal alors qu’il me parait déjà assez long pour aller au bout. Ne pas oublier qu’il faudra faire le chemin inverse pour rentrer. Je reste donc en bas.
J’arrive sur une petite plage. Des glaçons juste au bord. Je me pose quelques instants et mets les pieds dans l’eau. Je monte sur un glaçon pour rigoler. C’est froid, ça brule, ça colle aux pieds. Vite descendre !
Je reste ensuite quelques instants allongée sur la plage. Le soleil chauffe… Juste une légère brise… Je n’ai pas l’impression d’être au Groenland.
Je reprends ma route. Je scrute l’horizon et la mer pour essayer de voir mes petits camarades mais je ne vois rien. Il est 11h30. Je commence à me dire qu’ils ont finalement fait demi-tour et ne viendront pas jusqu’au bout parce que c’est trop loin, ou pour je ne sais quelle raison.
Tout au bout, j’y suis justement. Je décide de monter sur un petit sommet. Je le contourne par la gauche pour prendre un chemin plus facile. En haut, magnifique vue sur un glacier qui se jette dans la mer. Eqalorutsit Kangilliit. Toujours des ‘Q’, toujours des ‘K’ : ça ne s’invente pas !
Derrière, la calotte. Devant, toute une étendue de glaçons qui se déversent dans la mer.
Splendide. Je suis fascinée par ce spectacle et je décide de rester ici pour manger.
Je redescends ensuite de ma montagne pour revenir sur mes pas. Les heures tournent et je dois encore rentrer. Mon groupe n’étant pas là, je me dis qu’ils doivent être retournés au camp. Donc je ne veux pas rentrer trop tard pour qu’ils ne s’inquiètent pas.
Et puis, en descendant justement, je tourne machinalement la tête à droite. Je vois quelqu’un marcher. Je regarde en face : et là, je vois tout le groupe près de la plage, en train de déjeuner. Je leur fais signe et je les rejoins.
Ils viennent seulement d’arriver car ils ne sont partis qu’à 11h30. Voilà pourquoi je ne les ai pas vu en marchant…
Je reste un peu avec eux, je grignote à nouveau.
Je les accompagne ensuite en haut du petit sommet pour revoir le glacier.
De retour sur la plage, tout le monde se prépare pour rentrer en kayak. Et chacun enfile son accoutrement : les bottes, les cirés, la jupe… Tout un attirail !
Carmen regroupe tout le monde pour leur expliquer le principe de la dérive. Ils vont en avoir besoin pour le retour. Ça a l’air simple…
Puis, les kayaks s’éloignent les uns après les autres.
Et moi, je repars en sens inverse. Je ne prends pas tout à fait le même chemin, je bifurque un peu pour passer dans des endroits avec de l’herbe. Je scrute toujours autant le sol pour trouver des champignons mais il n’y a que quelques vesses de loup. Et deux petits rosés. Un peu juste pour un groupe de 9 personnes.
Je décide aussi de ne pas passer sur les dalles comme à l’aller mais de contourner la barre rocheuse par derrière. Mauvaise pioche : le terrain est très humide. Il est même marécageux car je m’enfonce complètement par endroit. Bien sûr, impossible de remonter sur les dalles car je suis face à une jolie paroi rocheuse de ce coté. Je teste donc l’étanchéité de mes chaussures et je saute, je cours pour éviter de m’enfoncer plus haut que les chevilles.
Et me voici obligée de longer toute la barre rocheuse et de faire un détour pour la contourner. J’arrive enfin près de la côte mais je suis obligée de remonter la rivière pour la traverser. Impossible de passer à l’embouchure avec la mer car c’est marée haute.
J’arrive près de l’endroit repéré hier. Je tombe sur Jean qui pèche encore. Les truites sont moins grosses qu’hier mais cela mord bien. Il en pèchera 9, une par personne. Nouveau festin en perspective.
Retour au camp où je me fais un en-cas : je suis affamée ! Ça creuse de marcher. Puis Jean et François préparent les truites pendant que nous préparons les légumes et allumons le feu.
Le repas est encore un régal : les truites sont vraiment extra ! En dessert quelques poires au sirop. Il me reste du chocolat que je fais fondre pour mettre dessus.
Durant le repas, Christine et Edwige nous font le récit de leur journée et de leur périple en kayak. Épique ! C’est un peu confus mais nous retiendrons qu’elles sont très douées pour faire des cercles en kayaks et qu’elles aiment voir les icebergs de près. Carmen aura apparemment eu très peur au point d’en perdre son français et de ne parler (ou plutôt crier) qu’en espagnol. Au final, les filles ont dû être remorquées jusqu’à la côte. Mémorable.
Ce soir, le ciel est encore bien dégagé : aucun nuage. Les conditions idéales pour une petite aurore boréale. Cette fois, nous décidons de nous organiser : Nicolas met le réveil à 1h et s’occupe de réveiller tout le monde. Nous rallumons le feu pour nous réchauffer. C’est un peu humide, il a d’abord du mal à prendre. Puis, nous scrutons le ciel et attendons…
L’attente sera de courte durée. Quelques lueurs, une petite aurore boréale. Aussi petite soit-elle, nous ne nous serons pas levés pour rien : moment magique… Nous voici perdus quelque part dans le grand nord, autour d’un feu de camp, à observer le ciel et à voir se dessiner quelques volutes… Seuls au monde… et c’est tellement bon ! Et nous pouvons aussi observer bon nombre d’étoiles filantes. De quoi faire des vœux à la pèle !
Le spectacle est terminé, nous apercevons déjà les premières lueurs du soleil sur les montagnes. Retour dans les tentes pour finir la nuit au chaud. Arrêter le temps, maintenant…